Cheik Lamine Kone, distingué Talent d'Or - Service à Autrui

C. L. K : Après mon baccalauréat en 2013, j’ai été orienté en psychologie à l’université Felix Houphouët Boigny de Cocody, parcours que j’ai débuté malgré moi... Mon rêve a toujours été de faire des études de droit pour devenir magistrat afin de traiter la cause des enfants en situation de décrochage scolaire et de délinquance juvénile en Côte d’Ivoire. Au fur et à mesure, mon appétence pour la psychologie s'est développée au point de continuer mes études en maitrise de psychologie sociale afin d'obtenir le diplôme en 2017. Cette filière étudiant le comportement humain, elle allait m'être utile pour mon objectif futur. 
Ensuite, pour renforcer mes acquis, j’ai procédé à une demande de poursuite d'études en France, via le programme Campus France. C’est ainsi que j’ai eu le privilège d’être accepté en 2019 par l’université Lumière Lyon 2 en psychologie sociale du travail et des organisations. Actuellement, je suis en master 2 de psychologie sociale appliquée. J’aurais bientôt ma soutenance de mémoire (en novembre ou décembre 2022). Dans le même temps, j’ai souhaité m'inscrire en droit, toujours à Lumière Lyon 2, ayant toujours en tête mon objectif de combattre la précarité des mineur.es dans mon pays sur toutes ses facettes. 

C. L. K : Mon projet s’intitule la lutte contre le décrochage scolaire en Côte d’Ivoire. Ma sensibilité pour la cause des adolescent.es provient de ma famille élargie, à savoir mes neveux et également des amis et proches. Je vous raconte l’histoire de mon neveu :  
Le jeune Ahmed, aujourd’hui âgé de 18 ans, est le fruit d’une relation de concubinage. Son père et sa mère n’étant plus ensemble, sa mère s’est mariée et n’avait plus les nouvelles de son fils. Le jeune Ahmed est resté avec sa grand-mère qui en avait la charge. Son père résidait dans la même ville que lui mais il avait démissionné de son autorité parentale. Malgré les efforts de sa grand-mère, le jeune Ahmed manifestait le besoin d’être avec sa maman au point où il menaçait d’arrêter l’école s’il ne la voyait pas. En raison du manque de suivi, cet enfant a rompu avec l’école : il a commencé à faire des larcins, il est devenu un toxicomane etc. Aujourd’hui, il n'est plus scolarisé et il vadrouille dans la rue sans aucune destination.
Des exemples, à la fois différents et semblables, sont légion. La dislocation de la cellule familiale, la perte de motivation, des facteurs psychosociaux et d’autres sont susceptibles de conduire au décrochage scolaire. J’ai compris que c’est un problème qui incombe l’ensemble des acteurs de la société et qu’il est impossible de s’en dérober.
Lorsque j'ai intégré le programme des jeunes ambassadeur/trices et après un échange avec ma marraine Annick François à qui j'ai fait part de ma motivation pour cette problématique, nous avons décidé de nous engager dans le concours des Trophées. Je profite de cette lucane pour lui adresser mes sincères remerciements pour sa disponibilité, son accompagnement et son soutien à mon égard. À la suite de cette participation, j’ai été finaliste du Trophées, puis lauréat du prix talent d’or du Rotary.

C. L. K : En premier lieu, il m'a fallu repérer des établissements scolaires, collèges et lycées, qui sont engagés dans la lutte contre le décrochage scolaire et en faveur d’une orientation professionnelle réussie, en Côte d’Ivoire et en France. En effet, la France a réalisé de nombreux progrès dans la lutte contre le décrochage scolaire. L’objectif de mon projet est de m’inspirer des modèles, mécanismes et dispositifs français et de les adapter à la réalité de mon pays.
Actuellement, j’ai pu nouer des partenariats avec quelques écoles et associations en France, en l'occurrence L’école de la parenthèse utile et l’association « poursuivre ». Du côté de la Côte d'Ivoire, je peux déjà compter sur le collège Dénis Diderot d’Oumé. D’autres partenariats verront certainement le jour. Cela dit avec les collèges en Côte d’Ivoire, l’idée est d’atteindre un même objectif dans un premier temps, c’est-à-dire, le raccrochage de l’enfant au système éducatif qui passe par une réussite scolaire. J’ai une équipe en Côte d’Ivoire qui échange avec les responsables d’établissement pour la réalisation d’une expérimentation. Quant à moi, je travaille avec une équipe en France avec les partenaires sur l’existant en matière d’expériences dans le domaine. L’enjeu sera de favoriser des collaborations efficientes en termes d’enseignement, d’apprentissage et de formation par analyse et observations des initiatives françaises réussies pour une adaptation aux terrains locaux en Côte d’Ivoire. Il sera également question de favoriser des échanges et de transferts de compétences sur la problématique du décrochage scolaire avec les lycées, associations et collèges qui luttent contre ce phénomène.

C. L. K : Je dirai que le programme Jeunes ambassadeurs/trice est ma famille associative. Elle regorge d’énormes potentialités et d'une richesse remarquable. Il est vrai que chez nous en Afrique il est dit « nul ne peut montrer son village avec sa main gauche » mais croyez moi l’association jeunes ambassadeurs est un véritable modèle d’intégration. En un temps record, vous parcourez le monde entier.