Chaque année, dans le cadre de ses activités de recherche, Le Rize de Villeurbanne ouvre ses portes à la "jeune recherche" en accueillant en résidence trois jeunes chercheurs ou chercheuses en sciences humaines et sociale. En 2025, l'équipe est 100% issue de notre Université avec Emma Biscarros, doctorante en histoire contemporaine, Tom Outters, étudiant en maser d'urbanisme, et Anna-Lena Schnake, étudiante en master d'anthropologie.
Emma Biscarros Doctorante en histoire contemporaine |
Tom Outters Étudiant en master d’urbanisme |
Anna-Lena Schnake Étudiante en master d’anthropologie |
Quels sont les projets d'Emma, Tom et Anna-Lena ?
- Emma Biscarros / Une étude comparée de deux équipements socioculturels municipaux
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Doctorante en histoire contemporaine au laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA), Emma Biscarros prépare une thèse sous la direction de Manuela Martini et Philippe Rygiel sur l’histoire des politiques culturelles et de l’organisation des loisirs populaires au XXe siècle entre la France et l’Italie. Elle réalise pour cela une étude comparée de deux équipements socioculturels municipaux : le Palais du travail de Villeurbanne et la Maison du fascisme (Casa del Fascio) de Bologne. Étant également diplômée en science politique, le Rize constitue l’endroit idéal pour inscrire ses travaux de recherche dans un projet culturel.
Thèse : Le Palais du Travail de Villeurbanne et la Casa del Fascio de Bologne, 1890-1980 : un histoire comparée des formes d’organisation de la culture et de la sociabilité populaires dans l’Europe du XXe siècle et leur inscription dans la ville. Cette thèse CIFRE débutée en janvier 2025 porte sur une étude comparée de deux équipements politico-culturels municipaux créés dans l’entre-deux-guerres : la Casa del Fascio de Bologne (1923) et le Palais du travail de Villeurbanne (1934). L’apparition, au cours des années 1920-1930, de cet équipement multifonctionnel d’un genre nouveau qu’est la Maison du peuple municipale marque l’entrée dans l’ère des loisirs. Elle représente le symbole de l’obtention d’une revendication historique du mouvement ouvrier : la journée de travail de huit heures. En même temps qu’elle constitue une façon d’organiser – voire d’encadrer – ce temps nouvellement « libéré » des ouvriers·ères, dans un contexte de polarisation politique et de concurrence d’une « culture de masse » rendue possible par la naissance des industries culturelles et l’apparition de nouvelles technologies de communication et d’information (radio, cinéma). Cette thèse vise à enrichir la compréhension de l’histoire du Palais du travail de Villeurbanne, édifice emblématique du centre villeurbannais, en le réinscrivant dans une histoire transnationale faite d’échanges et de circulations, et à faire la lumière sur la naissance et l’évolution des équipements culturels et d’éducation populaire au cours du XXe siècle. - Tom Outters / Une plongée dans l’histoire de la culture hip-hop et ses contradictions
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Étudiant en master d’urbanisme à l’Institut d'Urbanisme de Lyon sous la direction de Rachel Linossier, Tom Outters se plonge dans l’histoire de la culture hip-hop et ses contradictions, entre la rue et l’institution. Son étude cherche à montrer ce que des processus institutionnels, tels que la politique de la ville, ont produit sur la breakdance, à Villeurbanne et Lyon, deux villes qui ont contribué à son émergence, grâce à des structures emblématiques et des acteurs visionnaires. Il pratique cette danse depuis plus de 12 ans et l’enseigne actuellement.
Intitulé du mémoire : « De la rue aux institutions : l’évolution de la danse hip-hop face à la politique de la ville, entre reconnaissance et dépolitisation ». Cette étude porte sur le constat de la double posture contradictoire qu’il existe, dans le Hip-Hop, entre « la rue et l’institution ». En effet, si le hip-hop met vigoureusement le doigt sur la distance qui existe entre l’idéal d’un espace public ouvert à tous sans distinction et la réalité de la ségrégation urbaine, dès les années 1990 et 2000, les pouvoirs publics s’en emparent, notamment à travers la « politique de la ville ». Il est alors conçu comme un outil de réinsertion sociale, car perçu comme « métissé et multiculturel » et au cœur de différentes logiques politiques relatives au ministère ou au domaine d’action publique qu’il représente. Mais sous couvert des grandes thématiques que représentent la cohésion sociale, la mixité sociale ou encore la promotion de l’égalité des chances, ces politiques sont vécues, par de nombreux acteurs de la communauté, comme le passage vers un outil de « pacification » des quartiers qui matérialise la volonté de contrôler symboliquement les formes populaires.
Ce travail s’articule donc autour de la question suivante : Dans quelle mesure l’intégration de la danse hip-hop dans les dispositifs institutionnels, telle que la politique de la ville, a-t-elle transformé son essence contestataire, entre reconnaissance institutionnelle et risque de dépolitisation ? L’idée est donc de montrer qu’il y a un paradoxe entre l’identité revendicatrice et vindicative de la danse hip hop dans son rapport à la ville et son rôle « d’apaisement social » dans la politique de la ville. L’enjeu est donc de montrer l’impact des mécanismes institutionnels sur cette pratique de la danse Hip-hop. Le tout sur un territoire dynamique et central de la culture hip-hop qu’est la métropole lyonnaise, vue prioritairement depuis Villeurbanne. - Anna-Lena Schnake / L’évolution du quartier des Buers et le changement du « paysage alimentaire »
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Étudiante en master d’anthropologie à l’UFR d'Anthropologie, sociologie et science politique (ASSP), Anna-Lena Schnake rédige son mémoire sous la direction de Béatrice Maurines et de Thierry Boissière. Elle travaille sur l’évolution du quartier des Buers au cours de ces dernières années, en particulier sur le changement du « paysage alimentaire » : habitudes individuelles, offre alimentaire des magasins et activités autour de l’alimentation dans les écoles et les associations. Elle cherche à montrer comment les pratiques alimentaires du quartier sont marquées par l’histoire ouvrière de Villeurbanne et ses migrations.
Intitulé du mémoire : Le quartier des Buers : l’influence des transformations urbaines sur les pratiques et le paysage alimentaires dans un quartier villeurbannais. Ce projet de recherche vise à répondre à la question suivante : dans quelle mesure les transformations urbaines dans le quartier prioritaire des Buers modifient-elles le paysage alimentaire local, et comment ces évolutions influencent-elles les pratiques alimentaires individuelles des résident.es ? Le quartier des Buers est en pleine transformation, avec plusieurs projets de réhabilitation de l’espace public et des logements sociaux d’un côté, et, de l’autre, le départ de plusieurs structures associatives ainsi que l’arrivée de nouveaux commerces. Ces transformations ont un impact sur la dynamique du quartier, un aspect qui sera étudié dans ce mémoire. L’angle de l’alimentation permet d’articuler différents niveaux d’analyse : d’une approche macro, en interrogeant les acteurs de la rénovation urbaine, jusqu’à une échelle micro, en mettant en lumière la perspective des habitant.es. Témoins des changements successifs, ces dernier.ères constituent une « mémoire vivante » de la transformation du quartier. Par ailleurs, les pratiques alimentaires individuelles sont toujours façonnées par de multiples facteurs – tels que l’éducation, l’environnement social, les ressources financières ou encore l’accessibilité géographique aux commerces alimentaires – et constituent ainsi un révélateur des inégalités sociales.
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Quelques chiffres sur ce partenariat
L'année 2022 / 2023, parmi 12 candidatures examinées, 8 avaient été envoyées par nos étudiantes et étudiants, dont les 2 lauréates, en sociologie et en histoire du genre. |
► Depuis la mise en place du Convention Industrielle de Formation par la REcherche (CIFRE) en 2010, Le Rize recrute chaque année un ou une doctorante en sciences humaines et sociales, avec un cofinancement par l'Association nationale recherche technologie (ANRT) et la Ville de Villeurbanne pendant 3 ans. Après une toute première CIFRE en histoire contemporaine, avec une collaboration entre l'ENS, notre Université et le laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA), les 4 thèses CIFRES suivantes, dont celle en cours, sont menées par des doctorantes inscrites dans notre établissement, avec les unités de recherches suivantes : le LARHRA, le centre Max Weber, le laboratoire Triangle et le laboratoire d’Anthropologie des enjeux contemporains (LADEC).
1 est en cours de finalisation et devrait l’être prochainement. 1 a débuté en janvier 2025. |
Informations pratiques
Partenaires
Fondé sur un projet voulu par la municipalité de Villeurbanne au début des années 2000, Le Rize est un centre dédié à la « mémoire ouvrière, multiethnique et fraternelle des villes du 20e siècle », qui puise son sens dans son ancrage à Villeurbanne, considérée comme territoire exemplaire de l’urbanisation de l’ère industrielle. Ouvert depuis 2008, il a pour vocation de transmettre un récit commun de la ville, construit à partir des archives, des mémoires des habitantes & habitants et des travaux des chercheuses et chercheurs associés. En travaillant à faire connaître et reconnaître les cultures des Villeurbannaises & Villeurbannais, le Rize contribue à la cohésion sociale : « faire société » à partir du partage des mémoires et de la compréhension du « vivre ensemble » dans les villes d’aujourd’hui. Passerelle entre passé et présent, entre local et universel, le Rize aide à mieux comprendre la ville d’aujourd’hui et à imaginer celle de demain. |
Crédits photos
© Bertrand Arquillière - Le Rize