La place des travailleurs pairs au sein des structures d’accompagnement social

Stage attribué à Maxime Pinot, Master 2 Intervention et Développement Social /Analyse et Conception de l'Intervention Sociale (ANACIS), Université Lumière Lyon 2
Enseignant.e référent.e : Béatrice Deries
Chercheuse ressource : Anne Elisabeth Muller
Association : LAHSo

LAHSo (L’Association de l’Hôtel Social) est une association lyonnaise dont l’objectif est de répondre aux besoins de personnes en difficulté et rupture sociale, en leur proposant des solutions d’hébergement et d’accompagnement adaptées, et ce, à l’aide d’un ensemble d’activités complémentaires : un accueil de jour pour les personnes sans domicile, trois centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), une crèche d’accueil mixte, un service d’accompagnement vers et dans l’emploi, un service d’accompagnement vers et dans le logement (service « Habiter »), un service d’accompagnement d’artistes bénéficiaires du RSA en voie de professionnalisation (Solid’arte).

LAHso développe aujourd’hui des pratiques orientées vers le rétablissement du pouvoir d’agir des usagers. L’association s’inscrit par là dans un changement de paradigme général dans le champ de l’accompagnement social, qui découle d’une évolution des représentations de la relation d’aide. Cette approche vers le rétablissement insiste sur la possibilité pour les usagers sou ex-usagers d’aller mieux, avec ou malgré la persistance de difficultés. Elle insiste sur le fait que la « réinsertion » ou le « rétablissement » n’est pas un objectif à atteindre mais un processus à concevoir comme un cheminement personnel et singulier. Cette approche porte avec elle un renouvellement des pratiques et des postures dans le champ du travail social, qui évoluent vers des relations d’accompagnement plus symétriques entre professionnels et personnes accompagnées. Dans ce cadre, LAHso expérimente depuis 2017 des missions de pair-aidance au sein de plusieurs de ses sites.

La pair-aidance professionnelle suscite aujourd’hui un intérêt majeur de la part de nombreuses structures dans le domaine de l’aide sociale, médico-sociale et de la santé mentale. L’histoire ainsi que de nombreux travaux démontrent aujourd’hui la pertinence du travail de pair-aidant, spécialement dans le cadre d’une approche capacitaires, qui se questionne sur les manières de repérer et de valoriser les capacités des usagers pour les soutenir dans leur parcours de rétablissement.

Aujourd’hui, la professionnalisation de l’entraide entre pairs et la création d’un statut spécifique vient interroger la structuration de ces nouveaux postes dans le domaine associatif. Pour chacun des travailleurs pairs de LAHSo, les statuts et les positionnements au sein des équipes sont très différents : certains pair-aidants sont bénévoles, d’autres salariés rémunérés, tous ne sont pas aux mêmes échelons et bénéficient donc d’une reconnaissance différenciée en termes de compétences ou de salaire. Enfin, certains racontent volontiers leurs parcours personnels, quand d’autres préfèrent cacher leur statut de « pairs » aux usagers.

Envisager les pair-aidants comme de véritables acteurs du travail social suppose le passage d’un vécu personnel à une expérience partageable, potentiellement généralisable. Elle nécessite le développement de savoirs experts, sans pour autant que l’aidant-pair ne devienne un « professionnel comme les autres ».

L’association LAHSo souhaiterait travailler de manière exploratoire sur la manière dont sont repérées et valorisées les capacités de ces nouvelles professions, qui nécessitent et impliquent une différente manière de « prendre place » au sein des institutions.

Dans le cadre de sa recherche, l’étudiant.e sera amené.e à étudier les trajectoires biographiques et les stratégies de présentation de soi des pair-aidants, afin de produire un inventaire des manière de se présenter, d’embaucher, de valoriser et de reconnaitre ces nouvelles « semiprofessions », c’est-à-dire des professions qui nécessitent des connaissances et des compétences spécifiques mais qui ne sont largement pas reconnues comme une véritable profession. Ce travail pourra permettre de produire une cartographie des différences manière de prendre place et des variabilités dans l’engagement de soi, dans une profession qui engage nécessairement un rapport à l’intime. Cette vision fine et plurielle des parcours des pair-aidants permettra dans un second temps de typifier les impacts et les enjeux de cette professionnalisation au sein des institutions existantes afin de soutenir l’intégration et le développement de la pair-aidance dans ces structures.