Mise à jour le 24 nov. 2025
Publié le 20 novembre 2025 Mis à jour le 24 novembre 2025

Doctorant contractuel à l’Université Lumière Lyon 2, Donovan Giraud prépare une thèse en histoire culturelle sur le corbeau au Moyen Âge (5e au 16e siècles). Il est membre du laboratoire CIHAM - Histoire, Archéologie, Littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux.

 

Quel parcours vous a conduit à une thèse en histoire culturelle ?

Dès le lycée, j’ai senti une vive attraction pour l’histoire des croyances et des représentations collectives, surtout le monde germanoscandinave, ses légendes et sa période viking. Les lectures de Georges Dumézil et de Michel Pastoureau m’ont beaucoup stimulé.
À la sortie des classes préparatoires, mon intérêt pour l’histoire culturelle s’est affirmé à l’Université, particulièrement en master au cours duquel j’ai découvert d’autres perspectives intellectuelles et une grande liberté dans la recherche. Dans mon mémoire de master qui portait déjà sur le grand corbeau, beaucoup de matériel de recherche est resté inexploité. Il semblait donc tout naturel de continuer sur ce sujet en doctorat.

Quels sont les objectifs de vos recherches ?

L’histoire culturelle est un très vaste champ de recherche : elle touche à l’histoire des sensibilités, des émotions, de l’imaginaire, du goût, des croyances, etc. Ce n’est pas une thèse sur l’animal lui-même mais sur l’interprétation qu’en font les individus et le prisme culturel que ces interprétations sous‑entendent. C’est la manière dont l’humanité se définit quand elle représente l’animal qui m’intéresse. On peut par exemple noter dans certains contextes, une différence sociale dans la représentation entre l’élite et le peuple : l’élite voit dans le corbeau la victoire et l’intelligence ; le peuple, un oiseau de mauvais augure et un charognard.
 

Quelles sont vos méthodes de recherche ?

Je fonde mon travail sur des sources variées et très nombreuses : iconographiques (miniatures, enluminures, etc.), archéologiques (ossements découverts en contexte archéologique), et littéraires (encyclopédies, hagiographies, textes juridiques et folkloriques, etc.). Mes sources principales restent toutefois les textes. Le travail en bibliothèques spécialisées et en archives est moins nécessaire aujourd’hui grâce à un important travail de numérisation des corpus iconographiques et littéraires.
Nous disposons de bases de données européennes très bien fournies. En histoire culturelle, le plus difficile est le travail de synthèse et d’analyse qui nécessite de croiser plusieurs disciplines. Je réalise des analyses critiques des sources notamment à partir du vocabulaire : entre cornix (corneille) et corvus (corbeau), les enjeux symboliques n’étant pas forcément les mêmes.
 

Quelles sont les compétences mobilisées pour réaliser une thèse en histoire culturelle ?

Reconstituer une vision du monde, par des individus, dans un autre espace-temps, demande de la rigueur, de la curiosité et une sorte « d’imagination rationnelle ». C’est un peu antithétique comme expression mais elle permet de définir une certaine empathie : il faut comprendre la logique humaine et se mettre à la place de nos ancêtres. Il faut également beaucoup d’humilité, il s’agit d’un début de recherche et la remise en question des méthodes et des résultats est nécessaire à chaque avancée.
 

Quel parcours vous a conduit à une thèse en histoire culturelle ?

Mon champ de recherche en lien avec les animaux est proche de l’actualité même si cette thèse n’a pas pour but de réfléchir sur le droit des animaux ou de se placer dans le récit perpétuel de la domination de l’humanité sur les animaux. En revanche, j’aimerais que ce travail puisse faire réfléchir sur notre rapport à la nature. L’anthropocentrisme a rompu le lien d’identification avec les animaux et il semble nécessaire de réintégrer les animaux dans notre conception du monde du vivant.