Publié le 4 octobre 2024 Mis à jour le 10 octobre 2024
du 5 septembre
au 12 octobre 2024

Trois étudiantes et un étudiant de l'UFR de Sciences économiques et de gestion réalisent cette année 2024 / 2025 une mobilité au Cambodge dans le cadre de leur 2e année de master en Économie, sociale et solidaire (ESS). Pour rejoindre Phnom Penh, il leur a paru important et naturel de voyager "bas carbone", afin que leur mobilité soit alignée au maximum avec les valeurs sociales et environnementales qui sont au coeur de leur futur secteur d'activité et de leur projet professionnel.

C'est ainsi que le groupe a opté pour un voyage qui minimise au maximum l'usage de l'avion en préférant le train et le bus. Retour sur leur initiative que vous pouvez suivre via leur compte instagram ou sur LinkedIn ou encore facebook...
 

Qui est le quatuor se lançant dans cette aventure ?


Lila, Robin, Anna & Noémie, sur le point d'embarquer.
Anna Carré--Dedieu, 22 ans
« J'ai obtenu une licence en économie et gestion en section internationale à la Faculté d'économie de Rennes 1, où j'ai eu la possibilité de partir en Suède pour un échange Erasmus à l'Université de Linnaeus  durant ma troisième année de licence. 
Cette expérience à l’étranger a été extrêmement enrichissante me permettant de découvrir différentes cultures à travers mes échanges avec des étudiantes et étudiants internationaux. C'est d'ailleurs l’une des raisons principales pour laquelle j’ai été intéressée par le programme de diplôme en partenariat international (DPI). Combiner mes études de master en économie sociale et solidaire tout en vivant au Cambodge représentait une opportunité unique pour moi.
Par ailleurs, lors de ma première année de master ESS à l’Université Lumière Lyon 2, j’ai réellement apprécié mes cours sur les ONG et ai développé un fort intérêt pour ce type de structure. Réaliser un stage au sein de ce type d’organisation m’a donc réellement motivé à candidater à ce programme. »
Noémie Dubart, 24 ans
« Après une double licence en économie gestion / sociologie réalisée à l’université de Lille dans ma région natale, je me suis orientée vers le master ESS de l'université Lumière Lyon 2. Pour mon M2, le diplôme en partenariat international (DPI) m'est apparu comme une belle manière de finaliser mon cursus universitaire. Je n'avais pas encore eu la possibilité de partir à l'étranger sur une longue durée et le programme au Cambodge était le moyen idéal de combiner la découverte d'une nouvelle culture et mes études. Étant en étude d'économie sociale et solidaire, j'avais également l'envie de voir comment les organisations non lucratives se structurent et se développent dans un pays tel quel le Cambodge, où les besoins sociaux sont importants et le système de subventions étatiques bien moins présent qu'en France. »
Robin Fontana, 23 ans
« Après l'obtention d'une licence AES à l’université de Nanterre, j'ai choisi de m’inscrire dans le master Économie sociale et solidaire, poussé par mes expériences dans l’associatif et une envie de découvrir ce champ.
Au moment de choisir le master ESS (mes cours de licence sur les ONG m'ayant susciter mon intérêt pour ce secteur), la perspective de partir en échange au Cambodge a été l’un des facteurs qui m’a motivé à rejoindre le master ESS proposé par l'Université Lumière Lyon 2. Cette possibilité de partir en diplôme en partenariat international (DPI) au Cambodge est une occasion pour moi de pouvoir avoir un parcours davantage orienté vers les ONG. Le Cambodge comptant de nombreuses ONG et au-delà de mon parcours scolaire, une culture qui m’attire, partir en DPI faisait totalement sens pour moi. »
Lila Rossignol, 22 ans
« J’ai effectué une licence AES à l’Université de Rennes 2, avant de m'inscrire au master Économie sociale et solidaire de l’Université Lumière Lyon 2 l’année dernière (2023-2024).
J’ai décidé de saisir l’occasion de faire un diplôme en partenariat international (DPI) pour ma deuxième année, à la fois pour m’ouvrir une porte dans une éventuelle carrière à l’internationale, notamment grâce aux opportunités de stages dans des ONG ou entreprises sociales locales. De plus, c'est aussi l'occasion de perfectionner et professionnaliser mon anglais et développer ma capacité d’adaptation dans un milieu de travail. Pour moi, cette dernière qualité est particulièrement valorisable. »

Comment s'organise un tel projet, de l'idée à sa concrétisation ?


« Le projet de faire un voyage bas-carbone est venu premièrement de la volonté de limiter notre émission de carbone. En effet, partir vivre un an si loin veut forcément dire émettre une quantité très importante de carbone (mettre le trajet en avion en co²).
Essayer de limiter nos émissions est quelque chose qui est important pour nous, par conviction personnelle, mais aussi par souci de rester le plus possible en accord avec les valeurs prônées par notre master. »
Quelles sont vos motivations ? Comment est née l'idée ?
« Essayer de limiter nos émissions est quelque chose qui est important pour nous, par conviction personnelle, mais aussi par souci de rester le plus possible en accord avec les valeurs prônées par notre master.
Cette manière de voyager plus lentement est également motivée par la recherche d’expérience personnelle et humaine. Se déplacer majoritairement en train permet de faire davantage de rencontres et de reconnecter avec la notion des distances, des pays, des cultures se trouvent entre la France et le Cambodge. 

Nous avons conscience que faire ce voyage est possible, car nous sommes des personnes privilégiées, chacun différemment, mais nous avons pu nous permettre de nous offrir ce voyage, autre chose importante à rappeler pour nous nous sommes européens, français et blancs ce qui facilite grandement l’accès aux visas, le passage des différentes frontières et la bienveillance des gens que nous croisons. Nous ne voulons pas forcément inciter les gens à faire comme nous, car nous savons bien que cela n'est pas aisé pour des raisons variées. Partager cette expérience est surtout une invitation à reconsidérer nos manières de voyager et de mettre en avant les raisons pour lesquelles se déplacer en train sur de longues distances peut être désirable. »
Comment s'est constitué votre groupe ?
« Pour ce qui est de la constitution du groupe, il n’y a pas réellement eu de sujet, après avoir fait connaissance lors de notre première année de master ESS, notre rencontre a évolué en amitié. Il a fallu simplement s’assurer que tout le monde était prêt à faire ce trajet, avec ce qu’il représente en avantages et inconvénients, et aussi financièrement. Malheureusement, faire ce trajet en train s’avère bien plus coûteux qu’en avion. Nous avons dépensé environ 1 300€ pour les billets de transports et les logements compris. Il faut tout de même ajouter des frais supplémentaires pour le matériel, la nourriture et les loisirs (ce qui nous fait un total d’environ 2 000 € pour le voyage). »
Comment avez-vous préparé un tel voyage ?
« Il n’a pas été facile de se projeter dès le début puisque nous avons dû attendre le mois de juillet avoir la certitude que notre sélection en DPI était validée avec les résultats de notre semestre 2. Nous avions malgré tout fait régulièrement, depuis avril dernier, des réunions tous ensemble pour avancer sur les préparatifs du voyage, à savoir :
● le choix de l’itinéraire par rapport à ce qui était possible et nos envies ;
● les renseignements sur les visas ;
● les renseignements sur les transports ;
● les réservations à faire en amont ;
● l'établissement d'un budget prévisionnel ;
● la  rédaction des candidatures à des appels à projets ;
● la sélection de matériel et équipement à prévoir.

À la fin de chaque réunion, nous nous répartissions des tâches à faire pour la prochaine. La mise en place d’un drive a été très pratique. Nous avions tous nos documents pour travailler simultanément tels que le tableau Excel pour notre budget, l’ordre du jour de la prochaine réunion, les notes que nous avions prises, les informations personnelles etc.
Pour se renseigner sur les choses à savoir sur les pays que nous allions traverser et les manières de s'y rendre, nous avons trouvé différents sites et forums. Nous avons également reçu de l'aide des personnes derrière le compte Instagram “La route du soja”, qui ont rejoint la France à Taïwan entièrement en train. Nous avons pu leur passer un appel  pour leur poser diverses questions. Mais surtout, nous voulons remercier "L’alibi" qui est une communauté de voyageurs et voyageuses bas-carbone à travers le monde qui a été une mine d’informations sans laquelle la préparation et le déroulé de notre voyage aurait été bien plus difficile. »
Quelles sont les étapes de Paris à Phnom Penh ?
« Nous voyageons donc (théoriquement) du 5 septembre au 12 octobre 2024 à travers 10 pays :
● L’Allemagne (DE) ;
● L’Autriche (AT) ;
● La Hongrie (HU) ;
● La Roumanie (RO) ;
● La Turquie (TR) ;
● La Géorgie (GE) ;
● Le Kazakhstan (KZ) ;
● La Chine (CN) ;
● Le Vietnam (VN) ;
● Le Cambodge (KH) .

Régulièrement et pour quelques jours, nous faisons des arrêts dans des villes et des régions afin de nous reposer mais aussi pour découvrir ses environs. Certains choix ont été difficiles, nous aurions souhaité pouvoir rester plus longtemps dans certains endroits et pouvoir s’arrêter davantage. Mais nous avons un mois et une semaine pour faire ce voyage alors, il a fallu faire des choix.
Grâce à notre amitié et nos complémentarités, le groupe est uni et se renforce tout au long de cette  aventure. Il est alors facile pour tous et toutes de donner son avis et de communiquer, facilitant ainsi, nos prises de décisions. »
À quelles difficultés avez-vous dû faire face ?
« Pour faire preuve de transparence et d'exhaustivité, nous voulions aussi évoquer la principale difficulté que nous avons eu dans la préparation de notre voyage, à savoir le passage en Russie. Nous avions initialement prévu de passer par la Russie malgré le contexte géopolitique, en prévoyant un passage le plus court possible (cf carte) et en nous renseignant au maximum sur les modalités. Nous avons ainsi payé nos visas et tout était prêt. Toutefois, face aux difficultés rencontrées pour payer nos transports, les cartes bancaires françaises n'étant pas acceptées en Russie et compte tenu de l’évolution du contexte géopolitique (les incursions ukrainiennes sur le territoire russe), nous avons dû malheureusement nous résigner à prendre un avion d’1h pour passer par-dessus la mer Caspienne entre Tbilissi et Aktaou.

Il faut noter que nous n’avons pas pu bénéficier d’aides financières pour ce trajet bas carbone. Après prospection, nous avons candidaté au dispositif “Bourses Jeunes, Agir pour le climat”, projet porté par la ville de Lyon. Pour le moment, nous n’avons pas reçu de réponse. »
Comment avez-vous prévu de vous organiser pour le trajet retour ?
Concernant le retour Cambodge-France, nous ne sommes pas encore en mesure de nous projeter. Celui-ci étant encore temporellement trop lointain, il y a trop d’incertitudes relatives aux impératifs et contraintes de chacun (financière, professionnelle, etc). 

Souvenirs, souvenirs

Au moment où Anna, Lila, Noémie et Robin nous écrivent, leur voyage en est à son avant-dernière étape en Chine, Guilin. Chacun et chacun nous livre sa source d'étonnement.
 
Qu'est-ce qui fut le plus surprenant ou inattendu ?
Anna : « J’ai été très surprise par le bon déroulement de notre voyage (aucun trains retardés ou ratés, pas de pertes de téléphones ou de passeports… Heureusement !).
Je ne m’attendais pas à une telle gentillesse et une telle bienveillance de la part de toutes les personnes que nous avons croisées. Par exemple, lors d’un trajet en train en Chine, de nombreuses familles nous ont donné de la nourriture (fruits, gâteaux, etc. ), c’était vraiment très touchant et très gentil de leur part. »
Lila : « Je suis surprise par l’animation des villes : à Bucarest en Roumanie, nous avons souhaité aller voir le parlement (lequel est réputé pour être un des plus grands bâtiments d’Europe). Alors que nous nous attendions à découvrir une place très officielle, l'ambiance était loin d'être institutionnelle puisque le place accueillait un circuit de course de voitures et de camions crachant une fumée noire ! Paradoxalement, j’ai finalement été fascinée par la performance de ces véhicules et l'atmosphère de cette animation si peu soucieuse de son impact écologique. »
Noémie : « J'ai été surprise dans le sens où je m'attendais à un voyage bien plus épuisant émotionnellement et physiquement. Le fait d'être 4 aide grandement à la logistique, si l'un ou l'une éprouve de la fatigue, les 3 autres prennent le relais. Être en groupe permet également de se sentir davantage en sécurité (même si aucun réel moment d'insécurité n'a été ressenti sur l'ensemble du voyage). Côté confort, la majorité des trains couchettes et bus que nous avons pris nous ont offert la possibilité de nous reposer correctement et de profiter de paysages merveilleux ainsi que d’être en compagnie des populations locales. »
Robin : « Ce qui a été pour moi jusqu’ici le plus inattendu est la gentillesse et la bienveillance des personnes croisées en Chine. J'avais quelques appréhensions (ou aprioris) car en amont de notre voyage, on nous avait décrit le peuple chinois comme généralement assez craintif et pas toujours à l’aise à parler à des étrangers et des touristes. Jusqu’ici, les chinoises et chinois viennent même régulièrement à notre rencontre, pour nous aider à nous orienter ou simplement pour faire connaissance. »
Quel a été votre coup de coeur pendant ce voyage ?
Anna : « Pour ma part, c'est une question très difficile. En effet, je n'ai pas eu un unique coup de cœur pendant ce voyage, car tout est à la fois très différent et impressionnant. J'ai encore beaucoup de mal à réaliser et à assimiler ce que je vis actuellement, ainsi qu'à imaginer ce qui s'est passé auparavant. Comme tout s'enchaîne rapidement, c'est l'expérience globale de cette aventure qui est un véritable coup de cœur, même les 55 heures de train au Kazakhstan ! ;-). »
Lila : « Les accueils chaleureux des personnes que nous rencontrons. Moi qui n’avais que rarement eu des contacts avec des personnes d'autres nationalités, je suis surprise de la manière dont les gens acceptent notre présence et nous accueillent. Beaucoup de bienveillance (toujours volontaire pour nous aider), de générosité (on nous offre souvent des choses à manger), curiosité (les gens s’intéressent à notre voyage et d’où nous venons) et sympathie. En ce sens, voici une anecdote que nous avons vécu : à la gare routière d’Erzurum en Turquie, alors que nous cherchions notre bus, un homme nous a indiqué que nous avions fait une erreur d'aiguillage. Sans que nous lui demandions quoi que ce soit et en deux trois mouvements, il avait contacté le chauffeur du bus en question pour lui demander de nous attendre ! Ensuite il a appelé un autre homme qui nous commanda un taxi et communiqua à ce dernier la situation. Ainsi nous nous avons pu nous rendre au bon endroit avec notre chauffeur et nous avons pu partir en direction de la frontière Géorgienne.
Autre coup de cœur : Changer régulièrement de ville et de pays. Bien que ça puisse être éprouvant, c’est une réelle richesse que nous découvrons ! Pas le temps de s’ennuyer ! »
Noémie : « Il est dur de sélectionner un coup de cœur précis au cours de ce voyage.  Je pense que de manière générale cela reste les espaces naturels que nous avons vus. Que ce soit en Géorgie, au Kazakhstan et en Asie de l'est, nous découvrons de jour en jour une diversité de paysages dignes de carte postale. Quand je me retrouve face à un lac, une montagne, de la biodiversité, je ressens encore plus la volonté d'œuvrer à la préservation de toute cette beauté. »
Robin : « Pour ce qui est de mes coups de cœur, il est très difficile de choisir un moment mais je pense que notre dernier arrêt en Chine à Guilin est celui qui m’a le plus marqué. Il s’agissait de la plus petite ville chinoise où nous avons fait étape. La taille était plus agréable, mais ce se sont surtout les paysages autour de le ville avec des petites montagnes tout le long de la rivière qui nous ont laissé sans voix.
Je souhaitais aussi parler de la nature du Kazakhstan : ses immenses steppes à perte de vue, ses lacs et ses canyons qui sont des paysages qui m’étais inconnus. » 
 

Le double diplôme de master Économie sociale et solidaire - Phnom Penh

Ce double diplôme franco-cambodgien, délivré conjointement par l'Université Lumière Lyon 2 et l’Université Royale de Droit et des Sciences Économiques (URDSE) , a pour but de former des professionnelles et professionnels qui participent à l’animation et au développement des organisations et des réseaux de l’« économie sociale et solidaire ». Le but de ce parcours est de former des professionnelles et professionnels qui participent à l’animation et au développement des organisations et des réseaux de l’« économie sociale et solidaire ». Les étudiantes et étudiants obtiennent à l’issue de leur cursus le Master Économie Sociale et Solidaire de l’Université Lumière Lyon 2, ainsi que le Master « Entrepreneurship and project management » de l’Université Royale de Droit et des Sciences Économiques (URDSE). Les cours de M2 à Phnom Penh sont délivrés en anglais.
→ En savoir plus sur cette formation

Le onzième Carnet de la chaire ESS relate le voyage d'études réalisé chaque année dans le cadre d'un partenariat entre l'Université Lumière Lyon 2 et l’Université Royale de Droit et de Sciences Economiques (URDSE) du Cambodge, à la découverte d’entreprises et d’organisations sociales de développement local.
Au-delà des enseignements dits classiques, ce dispositif pédagogique permet de découvrir d’autres formes d’entrepreneuriat et de développement économique, fondées sur la communauté et la valorisation des ressources locales.

→ Consulter le Carnet

Informations pratiques