Publié le 17 mars 2023 Mis à jour le 16 octobre 2023
le 18 avril 2023
Campus Porte des Alpes
18h15

D'après la pièce de théâtre de Maurice Maeterlinck.

Dans un royaume au bord de l’effondrement, Pelléas tombe amoureux de la nouvelle femme de son demi-frère, Mélisande. Trouvée au milieu d’une forêt, on ne sait pas grand chose d’elle outre son étrangeté fascinante. Tandis que la mort rôde dans les couloirs du vieux château, ces deux adolescents qui ne rêvent que d’ailleurs vont se découvrir et s’aimer. Jusqu’à ce que le poids de la tragédie du quotidien vienne les écraser.

Mise en scène : Guillem FONT-SERRADEIL
Avec : Farrah Boutida, Lola Colin, Ninon Krajeski, Jules Parnet et Erwan Zocly. 

Mardi 18 avril 2023 à 18h15, à l'amphithéâtre culturel, Campus Porte des Alpes 

Réservez votre place ici

Entrée gratuite sur réservation 
 

Note d'intention

Pelléas et Mélisande est une quête vers la rencontre avec soi-même. Sans cesse, ces personnages s'écorchent à leur manière pour tenter de trouver une vérité, un sens à leur existence. Cette recherche compulsive d'un ailleurs, nous l’associons au travail de création et à notre rapport avec la scène de théâtre. Ainsi, ce texte de Maeterlinck, devenant matériau brut, nous permettra d'aborder ce qui nous anime dans ce geste collectif qu'est la mise en scène et la représentation. À cela viendra se rajouter un travail autour d'une esthétique du dérèglement, de la métamorphose. D'un état initial, nous gratterons peu à peu le vernis pour dévoiler la pesanteur qui rôde entre les lignes du texte. Cette lente désagrégation viendra enrayer la machine-théâtre pour peu à peu dévoiler les êtres qui le font et faire confondre acteur/personnage, plateau/public, fiction/réalité.

Entretien avec Guillem FONT-SERRADEIL

Ta proposition part d’un mythe, pourquoi avoir choisi ce texte en particulier ? (ndlr : Pelléas et Mélisandre de Maurice Maeterlinck) et quel processus de création as-tu mis en place ?
J’ai toujours été attiré par le théâtre symboliste car on y trouve une esthétique du rêve qui s’adresse plus au sensible qu’à l’intellect. Dès le départ, j’ai été touché par ce texte qui parle de comment on essaie de devenir soi-même. De plus, je trouve qu’il est magnifiquement écrit, raison de plus pour essayer de le mettre en scène ! Je suis seul à la mise en scène mais nous sommes six interprètes et on travaille beaucoup ensemble. On se voit au moins une fois par semaine depuis septembre. On a commencé par des lectures à la table; c’est un texte assez complexe avec de nombreuses choses qui se jouent dans les silences ou en sous-entendus. Il a fallu essayer de rendre palpable le mal qui rôde entre chaque réplique de la pièce. Ensuite, on s’est rapidement lancé dans le travail au plateau parce qu’on sentait que c’était dans le jeu qu’on allait trouver la justesse. Depuis, on tente, on cherche, on rate parfois mais on y prend beaucoup de plaisir. 

Quelle est votre modalité de reprise ?
Nous avons choisi de voir le texte comme un matériau comme les autres, au même titre que les costumes ou la scénographie. On voulait éviter la reprise fidèle et le caractère sacré de la réplique. Peu à peu, on s’est amusé à venir dérégler cette machine bien huilée qu’est un texte de théâtre, le faire passer par différents états et étapes. Il y a donc pas mal de libertés sur le texte, on s’amuse avec, tout en conservant un certain respect pour le travail littéraire et la structure dramaturgique parce que ce sont elles qui nous ont donné envie de faire ce spectacle. 

D’un point de vue esthétique et scénographique vous avez aussi gardé des libertés ?
Oui, on a voulu garder le rapport au rêve du symbolisme mais comme c’est un texte très difficile à monter on a été obligé de ruser. Pour la scénographie, on a opté pour de grandes bâches de chantier recouvrant tout le plateau. Les costumes, quant à eux, sont inscrits dans cette même esthétique brumeuse, entre le rêve et le cauchemar. On s’est avant tout donné comme défi esthétique de voir jusqu’où on pouvait aller avec le dispositif qu’on avait, celui de la fac et de nos vies étudiantes. 

Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Spontanément, je ne pense pas à une référence théâtrale en particulier pour cette création précise - même si j’ai des artistes qui me sont très chers, auxquels je pense souvent quand je travaille. J’ai essayé d’injecter pas mal de choses qui me passionnent en ce moment : le cinéma d’horreur, des concepts plus larges tels que le labyrinthe, la renaissance ou bien le courant esthétique noise. En parlant de musique d’ailleurs, elle a une place importante dans le spectacle parce qu’elle est présente tout au long de mon processus créatif, elle me guide en quelque sorte. 

Dans la note d’intention tu parles « d’enrayer la machine théâtre » est-ce que tu pourrais préciser ? Qu’est-ce qui t’attire dans ce théâtre là ?

Je crois que ce qui me fascine autant dans le théâtre c’est que ce soit si fragile, très vite tout peut s’écrouler et on perd l’illusion. Et en même temps, je trouve magnifique le fait qu’il y ait des gens sur un plateau. La scène, c’est pour moi un espace de liberté, où la matérialité physique des corps s’impose, où enfin on s’appartient. Il y a un parallèle assumé entre la quête d’un «soi-même» des personnages de Maeterlinck et la quête intérieure des comédiens sur un plateau, qui se cherchent sans cesse. C’est précisément dans ce basculement du personnage vers le comédien que nous avons essayé de nous aventurer. 

Propos recueillis par Maéna Soleil et Oceane Megevand, étudiantes ambassadrices culturelles à l'Université Lumière Lyon 2. 

Informations pratiques

Lieu(x)

Campus Porte des Alpes

Amphithéâtre culturel
18h15