Publié le 15 juin 2023 Mis à jour le 16 octobre 2023
le 12 octobre 2023
Campus Porte des Alpes
18h15
Deux hommes (Vincent-Francois-Paul et Gérard Philippe) et deux femmes (MichelleMabel et Jakikénédy) se réunissent régulièrement lors de séances thérapeutiques originales afin de sortir de la dépression. Ils suivent un rituel établi, constitué d’ateliers et d’exercices en tout genre, afin d’échapper à la neurasthénie qui leur colle à la peau. Mais leurs habitudes vont être perturbées par l’arrivée d’un cinquième individu : Norbert. Ce nouvel élément semble, malgré lui, redéfinir les relations entre les membres du groupe. (Re)Commence alors pour eux une lutte contre le malheur et l’isolement, chacun livrant aux autres ou à lui-même ce qui l’empêche d’avancer.

Échange en bord de scène à la fin de la représentation animé par Elsa Laneyrie, Maître de conférences en Psychologie du travail et Ergonomie et Joan Demoment, Psychologue Clinicien.

Jeudi 12 octobre 2023, 18h15,  Amphithéâtre culturel, campus Porte des Alpes
Durée : 1h15

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Tous les événements sont gratuits et ouverts à tous et toutes (étudiant.es, personnel, public extérieur).  

Note d'intention de Clémentine Vincent, Fondatrice de la Reine Rouge, porteuse de projet et comédienne dans La Queue du Mickey

“C'est en travaillant en tant qu'assistante de mise en scène de Vladimir Steyeart que j'ai pu découvrir tous les enjeux de la gestion d'une compagnie et d'un projet. Enrichie par cette experience, j'ai créé à Lyon la compagnie La Reine Rouge en 2018 afin de promouvoir la jeune création avec des ressortissants de mon école La Scène sur Saone (Etienne Bidaux, Florian Bosdure, Manon Gallay, Laurent Dieblod) avec qui je partage l'envie de rester partenaires de travail. Nous avons le même langage et la même ambition : proposer des projets hybrides, qui empruntent les codes de genres et disciplines différents. La compagnie se consacre à un théâtre qui brouille les limites, met en lumière les paradoxes, les doutes et les nuances, et qui refuse l’élitisme en prônant le langage universel du corps. Habitués à travailler ensemble, nous nous sommes lancés dans une mise en scène collective. Les résidences étaient dédiées à mettre en exergue l'énergie et l'aspect comique des réactions inattendues et maladroites des personnages. Nous avons ensuite eu l'occasion de montrer notre travail sur 5 dates au théâtre du Rikiki (69001), puis l’épidémie du Covid est arrivée et a imposé un arrêt de l'activité de la compagnie. L'équipe s'est géographiquement éparpillée et nous nous sommes tous isolés. Le confinement m'a permis de remettre en question ce que je voulais défendre dans le texte de La queue du Mickey. Se satisfaire de l'humour que dégagent ces personnages, malgré eux, me gênait désormais.
Ce contexte difficile m'a forcé à relire le texte sous un jour différent, comme si l'isolement que nous vivions faisait écho au huis clos dans lequel ces personnages tentent d'évoluer.  Les axes majeurs de la quête de la félicité dans laquelle s'inscrivent les personnages sont l'isolement, la notion de groupe, et l'échange. L'isolement se révèle nécessaire, mais leur union salvatrice. Le groupe que forment les personnages est un écrin à de précieux moments. Les personnages, emportés par la dynamique du groupe, touchent pendant de courts instants au bonheur, et arrivent ensemble à faire de petits exploits. La difficulté des personnages est de préserver le groupe de leurs propres problématiques. Malgré leurs tentatives de garder la face en compagnie des autres, ils finissent toujours par faillir et éclater. Les moments censés être joviaux se transforment subitement en moments gênants. Pour gérer ces situations, ils ont élaboré le système du « petit coin ». Il s'agit d'un isoloir où chacun peut abandonner ses tentatives maladroites de dissimuler son mal-être et se retrouver seul, sur la cuvette des toilettes face au miroir (face au public), pour faire l'aveu de ses tourments. Le public rit du personnage jusqu'au moment où la réelle rencontre se fait, ce moment où le personnage dévoile une profondeur émouvante insoupçonnée. Une fois les périodes de confinement derrière nous, l'enjeu n'était donc plus le même. La compagnie a fait appel à une metteuse en scène, Laura Monfort, souhaitant prêter au projet un propos plus sensible. L'ambition est de créer une mise en scène la plus adaptable possible, avec une technique autonome, afin de pouvoir exporter le spectacle hors des salles de théâtre conventionnelles. Notre objectif est de partager de la joie tout en sensibilisant le public au combat qu'est la résilience. Nous pensons qu’il est utile, en cette éprouvante période, de permettre au spectateur de s’émouvoir, mais aussi de prendre du recul et de rire de sa propre tragédie. Nous poursuivons la démarche jusqu'à la création d'ateliers proposés aux instituts psychiatriques lyonnais.”

Note d'intention de Laura Monfort, metteuse en scène

“Je me suis formée à la mise en scène aux cotés de Zabou Breitman et c'est à mon retour à Lyon que Clémentine VINCENT m'a contacté. J'ai été très enthousiaste à l'idée de répondre à l'enjeu de cette pièce : valoriser la richesse des personnages, présenter l’état dépressif comme étant un état connu de tous et qui peut être vécue par tous, ainsi qu’à mettre en avant l’importance de la cohésion face à la difficulté."
Afin d’appuyer la sensibilité des personnages et leur profonde humanité – en cela qu’ils sont pétris de désirs paradoxaux et d’obligations personnelles – j'ai fait le choix de traiter différemment les trois axes littéraires proposés par Florence Muller et Eric Verdin : les activités ludiques imposées/proposées par le groupe, les appels mystérieux que reçoivent les personnages tout au long de la pièce (et que l’on choisira d’interpréter ici comme étant les injonctions sans visage d’une autorité prétendue supérieure, autorité médiale ou autorité sociétale) et les confessions qu’ils osent faire aux toilettes, à l’abri des regards et donc des jugements.
Lors des activités de groupe, il s’agira de montrer tout d’abord le dysfonctionnement des binômes ou des trios. La volonté des personnages de sortir de l’isolement et du chagrin se heurtera souvent à la précipitation de vouloir faire corps avec l’autre. Cette précipitation entraînera des maladresses, physiques avant tout, et les comédiens par leurs chutes, leurs ruptures, leurs coups, souligneront l’échec de ces tentatives de rapprochement incomplet. Ce n’est en effet qu’à l'unisson (et donc à cinq dans notre cas précis) que les personnages parviendront enfin à sortir de leur détresse. Et c’est par une réelle activité de chœur, au sens propre comme au figuré, qu’ils se retrouveront. La musique, portée tout d’abord uniquement par le personnage « muet » de Jakikénédy jouant du clavier, contaminera peu à peu chaque personnalité du cercle thérapeutique.. L’avancée du groupe, la concrétisation de leur rapprochement, sera visible également par l’implication des comédiens/personnages dans leur propre mise en scène. Lumières, bruitages, scénographie éphémère : le groupe sur scène devient maître à bord, modifie l’espace selon ses besoins. Chacun devient responsable d’un laboratoire de plus en plus concret, il s’agit non plus de chasser le chagrin mais plutôt de vivre ensemble et donc de chercher, de construire, de créer ensemble.
Les appels téléphoniques, source de ce qui paraît être des rappels à l’ordre ou des injonctions selon les cas, illustreront ce qui écarte les personnages de leurs réelles aspirations. La « voix » du téléphone s’oppose aux prises de liberté des personnages et survient lorsque ces derniers trouvent un élan commun. Elle les renvoie à leur individualité et donc à leur solitude. Cependant, les personnages parviendront à évoluer là aussi vis à vis de cette sonnerie leur paraissant de plus en plus superficielle, et c’est une fois de plus dans l’affirmation de leur cohésion qu’ils triompheront de ce qui tente de les diviser. Il ne s’agira pas là de condamner l’accompagnement médical ni de faire passer les règles de société pour des règles liberticides mais plutôt d’insister sur le fait que chaque individu possède en lui la force de dépasser ses traumatismes et ses angoisses. Nos personnages retrouvent peu à peu la confiance personnelle dont ils avaient même oublié l’existence. Se passer du cadre proposé par la voix du téléphone, c’est redevenir autonome et donc redevenir soi, véritablement.
Enfin, les monologues de chaque personnage seront abordés comme des parenthèses de sincérité. Chaque figure possèdera un « moi » secret, une version sublime de lui-même, capable de passer outre la dépression. Et c’est passant par le petit coin que les membres du groupe feront face à leur personnalité complète. Celle-ci se traduira avant tout grâce à un costume évolutif : le petit coin devient un petit vestiaire, là où les personnages changent de peau et se découvrent enfin. L’idée n’est pas de faire d’eux des caricatures de malades différents du reste de la société, mais bel et bien de les présenter au monde/aux spectateurs comme des caractères aux talents variés et aux vêtements expressifs. Leur costume initial sera un costume reflétant leur perte d’identité – des vêtements neutres, blancs, beiges, gris – se transformant au cours de la pièce jusqu’à muer en une seconde peau colorée, brillante.
Ces personnages abîmés par la vie semblent incarner les archétypes du ou de la râté.e mais se révèlent tous attachants, forts, tendres, surprenants. Il en est de même pour les personnages de notre pièce. Notre volonté est de partir d’un lieu “neutre”, sans saveur ni beauté - le cadre quelque peu déprimant et gris d’une salle commune, d’un hôpital, d’une clinique ou d’une association - et d’y apporter peu à peu des teintes bigarrées.”

Distribution

Texte : Florence Muller, Eric Verdin
Mise en scène : Laura Monfort
Musique originale : Thomas Servaux
Jeu : Etienne Bidaux, Florian Bosdure, Laurent Diebold, Manon Gallay, Clémentine Vincent

Informations pratiques

Lieu(x)

Campus Porte des Alpes

Amphithéâtre culturel, campus Porte des Alpes
18h15
Plan d'accès

Partenaires

Événement proposé dans le cadre des Semaines d'information sur la Santé Mentale
Spectacle accessible aux personnes en situation de handicap visuel -
Dispositif Les Chuchotines 

Les personnes malvoyantes ou non-voyantes qui le souhaitent peuvent être accompagnées d’un.e étudiant.e chuchoteur.euse qui leur murmurera la description des éléments visuels du spectacle à l’oreille durant la représentation. 
Pour bénéficier de ce dispositif, écrivez-nous à : culture@listes.univ-lyon2.fr