Publié le 17 mars 2022 Mis à jour le 13 octobre 2023
le 14 avril 2022
Campus Porte des Alpes
18h

Une création de la Compagnie Lunée L'Ôtre,. Fondée en 2017 par quatre jeunes artistes issues du Master Arts de la Scène de l’Université Lumière Lyon 2 : Saskia Bellmann, Camille Dénarié, Malvina Migné et Camille Varenne, la Compagnie s’invente une poétique au fil de ses spectacles et de ses ateliers artistiques.

Dans une baraque échouée aux hasards de nos historiques, toute une marmaille en gueulante incessante vit des nuits sans sommeil et sans rêve. C’est un joyeux vacarme, de fougue et d’amitié, un monde rayonnant de gris et de blanc nuancé. Tout s’écroule à moitié : la verrière s’ouvre aux quatre vents, il y a des atlas périmés dans tous les escaliers, la cave est inondée. On entend la rigole et les batailles d’eau. Et puis...au loin, seule sur le rivage, un.e môme attend la Déferle.

Dans les débris d’un monde qui doucement s’est délité, dans le flot des urgences quotidiennes, des gosses jouent “à l'explorance”. Précipités dans une aventure collective aussi joyeuse que terrifiante, aussi tendre que chaotique, ces étonnants personnages tentent de rattraper un monde qui leur tombe des mains.

Texte & mise en scène : Malvina Migné, Camille Varenne
Jeu : Sarah Brochart, Camille Varenne, Clémence Zakiri
Création sonore : Clément Laborie 
Durée : 1h30
 

Jeudi 14 avril 2022, 18h, Amphithéâtre culturel, campus Porte des Alpes

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Tous les événements sont gratuits et ouverts à tous et toutes (étudiant.es, personnel, public extérieur).
❗️❗️❗️ Suite aux dernières annonces du gouvernement, le port du masque n’est plus obligatoire à l’intérieur des salles et l’entrée n’est plus soumise à la présentation du Pass vaccinal

 
Note d'intention

Pièce d’enfances et d’insomnies
La Déferle n'est pas un conte que l'on raconte aux enfants avant de dormir, mais une histoire d'insomnies, celle de personnages qui ne trouvent plus le repos, qui vivent leur quotidien comme un rêve diurne, qui ne savent plus où s'arrête et où commence le réel. Dans un monde où la nuit ne tombe plus et où le jour aveugle et blanc enlace la planète, comment trouver le sommeil et quels rêves raconter au réveil ? Les souvenirs se brument, prennent des couleurs de rêve et la mémoire, témoin des catastrophes et des départs qui ont marqué les mômes s’en retrouve cryptée, disloquée.

La déferle : le spectre d’une catastrophe
Cette fiction ni u- ni dys- topique témoigne d’un effet de dissonance entre la conscience d’une situation et l’incapacité des personnages à réagir collectivement et autrement que dans l’urgence. Ols* nient, attendent, ignorent cette catastrophe advenue ou à venir, certain.e.s s’épuisent à la constater, à la documenter, se sentent sombrer seul.e.s à réparer un monde qui les dépasse, d’autres s’en préservent, plus ou moins consciemment. Les connaissances et les savoirs de toute une civilisation leur tombent des mains, tou.te.s sont travaillé.e.s par la crainte archaïque de ne plus pouvoir se saisir de leur environnement.

Urgence, enfance et présentisme
Ces « mômes » sont en réalité des enfants sans âge, des enfants aux cheveux blancs, enfants qui n’en sont déjà plus. Ols émergent au creux d’une langue qui dessine un monde sans binarité, qui se défait des distinctions de genre et de génération, provoquant l’irruption d’un « nous », d’un corps collectif mais dysfonctionnant, d’un corps ancré dans un présent sans passé ni futur, dans un présent perpétuel.
Le vaste « Ol », qui vient gommer l’usage des pronoms masculins et féminins, vit l’intensité d’un temps cyclique sans marge, héritier de rien, porteur d’aucun avenir. Animé.e.s d’une sourde angoisse, ols tentent, parmi les débris de chronologie, de retracer une ligne du temps pour se saisir d’un présent déraciné.
Donner la parole à « l’infans » étymologiquement « celui qui ne parle pas », c’est faire entendre ce qui réagit en chacun de nous, faire écho de cette sauvagerie, de cette brutalité, de cette fougue propre à l’enfance. Le nez collé au temps, sans possibilité de prendre de la distance avec les évènements, ni de les mettre en perspective, les mômes de La Déferle vivent en constante réaction à ce qui est en train d’arriver sans parvenir à se défaire de cette immédiateté.
La Déferle réinterroge nos rapports individuels et collectifs à la catastrophe, à ce qu’elle représente, affranchie des théories de l’effondrement. C’est finalement l’attente alarmée de cette « déferle », les angoisses qu’elle génère, et non son accomplissement spectaculaire qui invisibilisera la lente déliquescence d’un monde, les crises qui traversent la pièce et marquera l’histoire dans son intimité.

* « Ol » ou « Ols » : pronom personnel neutre, singulier ou pluriel, désigne les mômes de la Mai-Zone.

La compagnie

Lunée l’Ôtre est une compagnie lyonnaise, une constellation d'univers singuliers et généreux où se rêvent des histoires pour tous les âges. Fondée en 2017 parquatre jeunes artistes issues du Master Arts de la Scène de l’Université Lumière Lyon 2 : Saskia Bellmann, Camille Dénarié, Malvina Migné et Camille Varenne, la Compagnie s’invente une poétique au fil de ses spectacles et de ses ateliers artistiques.

À la lisière du théâtre-paysage, la Compagnie entraîne son public vers des lieux insolites, du phare à la place de village, des cours d’immeuble aux salles de musée. Cette joyeuse itinérance sur les chemins bretons, normands et rhônalpins traverse les élans collectifs et les aventures singulières des histoires que nous content ses spectacles.

Les membres de ce drôle d’équipage ont à cœur de faire résonner leur pratique au-delà du temps de la représentation. Elles proposent des ateliers d’écriture et de théâtre auprès des habitant.e.s, en école primaire et en collège, en partenariat avec des structures socio-éducatives. Ces ateliers, souvent inspirés de leurs créations, nourrissent en permanence leur recherche, dans un double mouvement critique et pédagogique, confrontant leur pratique théâtrale aux réalités sociales.

La Compagnie Lunée l’Ôtre est ainsi marquée par un ancrage particulier sur le territoire lyonnais et vénissian où s’inscrivent nombre de ses recherches et de ses projets de médiation culturelle et artistique. Les résidences au long cours dans les hautes tours de Lyon et de Vénissieux où elle s’est amarrée permettent la rencontre entre les résident.e.s qui vivent ces espaces au quotidien et les membres artistiques, habitant.e.s éphémères des lieux.

De la conjugaison entre ces différentes relations au territoire, naissent des créations aux formes participatives, hybrides, entre l’atelier et le spectacle. Vastes d'imaginaires, chargées de poésie, elles viennent travailler les notions de genre, de mémoire, de collectif, les modalités de relation entre savoir et faire et le rapport des individus à leur environnement.



Crédits photo : Compagnie Lunée l’Ôtre

Informations pratiques

Lieu(x)

Campus Porte des Alpes

Amphithéâtre culturel