Publié le 17 octobre 2024 Mis à jour le 17 octobre 2024

de Sarah Al-Matary

Le mystère Jeanne Weil(l)

Deux femmes homonymes : Jeanne Weil (1849-1905) et Jeanne Weill (1859-1925). L’histoire les a d’autant plus effacées qu’aucune n’a vécu sous son nom de naissance. Jeanne Weil est connue comme Mme Proust, la mère de Marcel, le grand écrivain d’À la recherche du temps perdu. Jeanne Weill est devenue, sous le pseudonyme de Dick May, une intellectuelle pionnière des sciences sociales et une militante progressiste.
Ces deux contemporaines se sont croisées dans le Paris républicain de la Belle Époque, au rythme des rendez-vous mondains et des avancées scientifiques. Mais que reste-t-il de leurs œuvres et de leurs combats ?
Ce livre est une réflexion sur les modes de légitimation qui s’offrent aux femmes et sur l’invisibilité qui les frappe. L’enquête biographique prend la forme d’une équation à plusieurs inconnues, où le parcours des deux Jeanne Weil(l) rencontre celui de Proust, Durkheim et Bergson. Elle fait ressortir, en même temps que les processus d’élaboration du canon littéraire, les stratégies des femmes pour briser le plafond de verre. D’hier à aujourd’hui.

 

L'autrice

Maîtresse de conférences HDR en littérature française du XXe siècle à l’université Lumière Lyon 2, Sarah Al-Matary est chercheuse à l'Institut d'histoire des représentations et des idées dans les modernités (IHRIM) et membre de l’Institut universitaire de France. Spécialiste des polémiques intellectuelles, elle a travaillé sur l’idée de « race » et sur l’anti-intellectualisme. Elle s’intéresse aux genres et aux supports jugés mineurs (presse, essai, écrits de femmes, de la classe ouvrière, production pornographique) ainsi qu’aux formes de la discussion savante. Elle a publié La Haine des clercs. L’anti-intellectualisme en France (Seuil, 2019).