Mise à jour le 20 juil. 2021
Publié le 20 mai 2021 Mis à jour le 20 juillet 2021

Emile Littré (1801-1881)

Philologue, lexicographe, traducteur d’Hippocrate, philosophe positiviste, homme politique, Emile Littré est passé à la postérité grâce à son Dictionnaire de la langue française, plus communément appelé Le Littré, dont la rédaction lui prendra pas moins de vingt ans. C’est le plus grand travail lexicographique jamais entrepris sur la langue française, d’une rare érudition et d’une immense précision. Littré laisse par ailleurs de nombreux écrits médicaux, philosophiques et philologiques.

Philosophe et lexicographe français, Emile Littré nait à Paris en 1801. Issu d'un milieu petit-bourgeois, il se distingue très tôt par sa passion pour les études.

C'est vers la médecine qu'il s'oriente d'abord mais, au terme de brillantes études, il renonce à passer son doctorat. La mort de son père, qui le laisse chargé de famille, interdit à cet homme scrupuleux d'engager les dépenses nécessaires à l'ouverture d'un cabinet. Au cours de sa vie, il sera toutefois membre fondateur de deux revues médicales et il traduira les œuvres complètes d'Hippocrate (1839-1861). Tout acquis à l'idéal républicain, il participe aux journées révolutionnaires de 1830. En 1831, il entre à la rédaction du National, auquel il collabore pendant plus de vingt ans.

Membre de l'Académie des inscriptions (1838), il est nommé en 1844 à la commission chargée de poursuivre l'Histoire littéraire de la France. C'est alors qu'il commence ses recherches sur l'origine et l'évolution de la langue française. Sa rencontre, la même année, avec Auguste Comte est également déterminante. Il devient un fervent adepte du positivisme, dont il sera en France le véritable initiateur (Conservation, révolution et positivisme, 1852 ; Auguste Comte et la Philosophie positive, 1863). En 1867, il fonde avec Wyrouboff la Revue de philosophie positive, dans laquelle il écrit un article retentissant sur les Origines organiques de la morale (1870). En particulier, il applique le positivisme à la linguistique. Sa rectitude intellectuelle l'empêche cependant d'adhérer au mysticisme de Comte.

Après la révolution de 1848, il devient membre du Conseil municipal de Paris. C'est en 1863 qu'il commence la rédaction de son œuvre capitale : le Dictionnaire de la langue française (1863-1873), aboutissement d'un projet évoqué avec Louis Hachette dès 1841. Fasciné par les mots, « monnaie de l'esprit », il s’acharne dès lors, pendant près de dix ans, à décrire l'histoire de leur sens et de leur circulation. Membre de l'Académie française en 1871, il est élu la même année député de la Seine et, en 1875, sénateur inamovible. Menant une existence ascétique, il se consacre sans répit à ses travaux de linguiste et de philosophe. Au lendemain de son décès, en 1881, Émile Zola rend hommage à la une du Figaro à cet « homme du siècle », à « ses grands travaux de logicien impeccable, la rectitude de sa méthode, l'unité et la clarté de son œuvre, la modestie et la simplicité du travailleur que la passion de la vérité attache à la terre, le progrès réel déterminé par chacun de ses ouvrages ».