Mise à jour le 22 sept. 2021
Publié le 20 mai 2021 Mis à jour le 22 septembre 2021

Fârâbî (ou Al-Fârâbî) (872-950)

Fârâbî est un philosophe perse et musulman médiéval. Né en 872, il approfondit toutes les sciences et les arts de son temps : la métaphysique, la grammaire, la logique, la philosophie, les mathématiques, la musique. Surnommé le « Second maître » par Ibn Rushd (Averroès), il publie notamment des commentaires et synthèses personnelles des écrits de Platon et Aristote, et s’intéresse tout particulièrement à la question du régime politique. Il est ainsi considéré comme le fondateur de la philosophie politique dans la tradition arabo-islamique médiévale. Il est aussi un grand théoricien de la musique et un excellent joueur de luth.

Fârâbî, de son nom complet Abû Nasr Muhammad ibn Muhammad ibn Tarkhân ibn Uzalagh al-Fârâbî, vit dans le contexte particulier de la longue émergence de l'Islam comme civilisation et entité politique stable.

Membre d’une famille de notables, il étudie à Bagdad la logique auprès du philosophe aristotélicien chrétien Abû Bishr Mattâ ibn Yûnus, et, lors d'un séjour à Ḥarrân, auprès du nestorien Yuḥannâ ibn Khaylân, un tenant de l'école de philosophie alexandrine. A Bagdad, il étudie également la grammaire, la philosophie, les mathématiques, la musique et les sciences. Son éloquence, ses talents dans la musique et la poésie lui valent l’estime du sultan de Syrie qui veut l’attacher à sa cour de Damas. Mais Fârâbî préfère s’installer à Alep et voyager en Egypte avant de revenir mourir à Damas en 950, à près de 80 ans. Selon une autre version, Fârâbî passe la plus grande partie de sa vie à la cour de Syrie, pensionné par le Prince et meurt lors d’une expédition avec le souverain.

Auteur prolifique dont une cinquantaine d’ouvrages ont été conservés, Al-Fârâbî publie notamment des commentaires ou des synthèses personnelles sur la philosophie de Platon et d'Aristote. Il est ainsi « le deuxième des grands philosophes hellénisants musulmans de langue arabe, après Al-Kindî et avant Ibn Sinâ (Avicenne) qui lui doit beaucoup ». Il vise à réhabiliter l’étude de la philosophie de l’école néo-aristotélicienne dont il se proclame l’héritier, en l’adaptant au contexte islamique et en y apportant sa pensée propre.

Al-Fârâbî s’intéresse particulièrement à la philosophie politique d’Aristote et de Platon dont il commente longuement La République. Il entend ainsi « faire appel aux anciens afin de déterminer l’ordre politique qui permettra l’accomplissement du bonheur humain ». Il est en ce sens considéré comme le fondateur de la philosophie politique dans la tradition arabo-islamique médiévale. Dans ce domaine, le grand livre de Fârâbî s’intitule Le livre du régime politique. Bien plus tard au XIVème siècle, Ibn Khaldûn, lui-même considéré comme l’un des précurseurs de la sociologie, y fera de nombreuses fois références dans sa Muqaddima, un autre grand écrit politique.  

Il s’intéresse également à la cosmologie et à la métaphysique, sa conception de l’âme étant le résultat d’une rencontre entre l’héritage aristotélicien et les commentaires islamiques qui l’ont précédé. Il s’intéresse encore à la logique, aux mathématiques, à l’astronomie, à la médecine. Dans son Traité sur les sciences, il propose une nouvelle classification des sciences, inspirée de Platon et d’Aristote mais prenant en compte de nouveaux acquis comme l’optique. Il traite, entre autres, des miroirs, des couleurs et de phénomènes atmosphériques comme le halo ou l’arc-en-ciel. Il affirme la légitimité de l’alchimie dans son Traité sur la nécessité de la science de l’alchimie.
Selon Fârâbî, rien n'est étranger à la connaissance philosophique, « Il n'existe aucune chose parmi les êtres du monde où la philosophie ne pénètre, au sujet de quoi elle n'ait quelque dessein et dont elle n'ait, dans la mesure de la capacité de l'homme, quelque savoir. »

Fârâbî  influencera Ibn Sinâ (Avicenne), Ibn Rushd (Averroès), Thomas d’Acquin et l’astronome andalou Ibn Baja. Il est communément désigné comme le second maître des sciences, le premier n’étant autre qu’Aristote.