Mise à jour le 20 juil. 2021
Publié le 20 mai 2021 Mis à jour le 20 juillet 2021

Frantz Fanon (1925-1961)

Grande figure de la pensée tiers-mondiste et de l’histoire anticolonialiste, psychiatre avant gardiste, Frantz Fanon est un écrivain martiniquais engagé et un acteur incontournable des indépendances africaines. Admiré d’Aimé Césaire et de Jean-Paul Sartre, son influence, longtemps occultée, est aujourd’hui immense sur des mouvements activistes comme les Black Panthers ou le Black Lives Matter, de nombreux penseurs comme Judith Butler ou Achille Mbembe, des artistes et des dizaines de rappeurs, des deux côtés de l'Atlantique.

Psychiatre, essayiste et combattant anticolonialiste, Franz Fanon naît en 1925 à Fort-de-France en Martinique d’un père inspecteur des douanes et d’une mère commerçante, tous deux descendants d’anciennes familles d’esclaves. Au cours de ses études secondaires, Frantz aura Aimé Césaire comme professeur. En 1943, il s’engage dans les Forces françaises libres aux côtés du général de Gaulle. De retour en Martinique, il devient bachelier en 1946. Grâce à son statut d’ancien combattant, il obtient une bourse, part étudier la médecine à Lyon et se spécialise en psychiatrie. Il suit aussi des cours de littérature et de philosophie, engrangeant une énorme culture livresque. Se sentant rejeté et humilié à cause de la couleur de sa peau, il veut témoigner de son expérience d’homme noir et publie en 1952, à l’âge de 24 ans, Peaux noires, masques blancs, un essai majeur dans lequel il convoque psychologie, philosophie, linguistique et littérature pour analyser la « névrose collective » créée par la colonisation.

Nommé médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville (Algérie), Fanon expérimente, de 1953 à 1956, une psychiatrie novatrice. Il abolit la camisole de force et adapte, dans sa pratique thérapeutique, des rites et des formes culturelles ancestrales : jeux, chants, contes. Il combat également les conceptions médicales racialistes dominantes.

En 1954, dès le début de la guerre d’Algérie, il s’engage auprès des indépendantistes du Front de Libération Nationale (FLN).  Menacé, cible d'attentats puis expulsé, il renonce à la nationalité française et s’exile à Tunis, d’où ses tribunes dans la presse, dans lesquelles il prône le panafricanisme et l'internationalisation des luttes, retentissent dans le monde entier. Son influence sur les indépendantistes grandit lorsqu’il devient ambassadeur itinérant du gouvernement provisoire algérien pour l’Afrique sub-saharienne au Ghana. Atteint d'une leucémie, il se retire à Washington pour écrire son dernier ouvrage Les Damnés de la Terre, préfacé par Jean-Paul Sartre.

Il meurt à 36 ans, quelques mois avant l’indépendance de l’Algérie pour laquelle il avait tant œuvré. Il est inhumé en Algérie où il a droit à des funérailles nationales.