Mise à jour le 20 juil. 2021
Publié le 20 mai 2021 Mis à jour le 20 juillet 2021

Fernand Braudel (1902-1985)

Historien français, Fernand Braudel développe une approche novatrice de l'histoire en prônant son rapprochement avec les autres sciences humaines (sociologie, géographie, économie). Figure éminente de l’Ecole des Annales, il a bouleversé l’historiographie du XXe siècle en inaugurant une nouvelle façon de faire de l’histoire, basée sur le temps long plutôt que sur la succession des évènements.
Elu membre de l’Académie française en 1984, mais aussi de plusieurs académies européennes et américaines, Braudel bénéficie d’une reconnaissance internationale pour ses travaux.


Fernand Braudel est né en 1902 à Luméville-en-Ornois, dans la Meuse. Il fait ses études supérieures à la Sorbonne. Reçu à l'agrégation d’histoire en 1923, il est nommé professeur de 1924 à 1932, à Constantine puis à Alger (Algérie). De 1932 à 1935, il enseigne au lycée Pasteur, au lycée Condorcet et au lycée Henri-IV à Paris avant de participer, de 1935 à 1936, à la mission française d’enseignement au Brésil.

A son retour en 1937, il intègre l'École Pratique des Hautes Études en tant que directeur de la section de philosophie de l’histoire.
L'influence de Lucien Febvre, qu’il rencontre sur le bateau le ramenant d’Amérique latine et qui deviendra son directeur de thèse, est décisive. Celle des géographes qui l'ont formé dans les années 1920 ne l’est pas moins et font de Braudel un héritier direct de Paul Vidal de La Blache.

Mobilisé en 1938, Braudel est fait prisonnier lors de la capitulation française. C’est pendant ses années de captivité qu’il rédige pour partie sa thèse. Alors qu’il entame un travail centré sur Philippe II et sa politique, il décide de changer de focale : le personnage central de sa thèse ne sera plus le monarque, mais la Méditerranée au temps de Philippe II. Il fait donc le choix, alors très novateur, de prendre pour sujet un espace. "La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II", soutenue en 1947 et publiée en 1949, reste sans conteste la grande œuvre de Braudel et un monument de l'historiographie du XXe siècle.

En 1949, Braudel est élu professeur d’histoire de la philosophie moderne au Collège de France où il enseigne jusqu’en 1972. Il fonde, en 1949, le Centre de recherche historique au sein de la VIe section de l’Ecole pratique des hautes études qu’il préside de 1956 à 1972, à la suite de Lucien Febvre. Entre 1946 et 1968, il dirige également la revue  Les Annales fondée par Lucien Febvre et Marc Bloch en 1929.  

L’histoire proposée par l’Ecole des Annales se veut totale, construite en lien étroit avec la géographie, la sociologie, la démographie et surtout l’économie. Toutes les institutions que Braudel crée – et/ou dirige – au cours de sa carrière donnent corps à cette interdisciplinarité. Braudel cherche à unifier les sciences humaines à travers son concept de « longue durée ». Il construit un triptyque autour de trois temporalités imbriquées : le temps long, celui de la géographie, le temps moyen, celui de l’économie, et le temps court, celui de la politique. Avec cette nouvelle échelle d’observation, il invente un concept nouveau : celui d’économie-monde.
Braudel rédige une série d’articles méthodologiques qu’il rassemble en 1969 dans ses Écrits sur l'Histoire. Les trois volumes de son dernier ouvrage, Identité de la France, sont publiés à titre posthume en 1986.

Elu à l’Académie française en 1984, Fernand Braudel meurt à Cluses (Haute-Savoie) en 1985.