Mise à jour le 17 janv. 2020
Publié le 17 janvier 2020 Mis à jour le 17 janvier 2020
Edito LAP 9 février 2017

Les situations de conflits et de guerres civiles, les persécutions et les atteintes aux libertés qui sévissent dans différentes régions du monde ont poussé de nombreuses personnes à l’exil et ont entraîné une augmentation massive du nombre de réfugié.es dans la plupart des pays d’Europe au cours des dernières années. En France, cela s’est traduit par un accroissement très marqué du nombre de demandeur/ses d’asiles, qui est passé de 47.000 à 85.000 entre 2009 et 2016. Au total, l’asile a été accordé pour la seule année 2016 à plus de 26.000 réfugié·es.
Les établissements d’enseignement supérieur et de recherche ne peuvent évidemment rester sans réaction. Riches de leurs ressources intellectuelles, les universités doivent proposer des outils de compréhension et d’analyse pour éclairer ces situations, pour sortir des explications simplistes et des jugements hâtifs. Dans nos laboratoires, nos UFR et instituts, de nombreuses initiatives – conférences, ateliers, colloques, projets de recherche – ont ainsi permis de se saisir de ces enjeux et d’ouvrir une réflexion de fond sur ces phénomènes. Fidèles aussi à leur tradition humaniste, aux valeurs et missions dont elles sont porteuses, les universités ont le devoir de contribuer à l’accueil des éxilé·es. Il leur revient d’accompagner celles et ceux qui ont dû interrompre leurs études pour leur permettre de continuer à se former, de penser un nouveau projet personnel et d’envisager leur avenir en dépit des déchirures qu’ils / elles ont subies. Notre université s’est attachée à donner cette possibilité à des jeunes dont le parcours avait été brusquement interrompu.
Les universités se doivent aussi d’accueillir des enseignant·es-chercheur·es et des chercheur·es contraint·es de quitter leur pays, de leur ouvrir leurs laboratoires et de leur permettre de poursuivre une activité pédagogique et scientifique.
Plusieurs pays européens ont déjà mis en place des modalités d’intégration de scientifiques en exil aux institutions d’enseignement supérieur et de recherche. C’est le cas notamment de l’Allemagne et du Royaume-Uni. En France, le Secrétaire d’Etat à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche, Thierry Mandon, a initié, au mois de janvier, un dispositif permettant d’accompagner les établissements qui accueillent des scientifiques en exil par un système de co-financement porté par le Collège de France (Programme d’aide à l’Accueil en Urgence des Scientifiques en Exil - PAUSE). Notre université, par l’intermédiaire de ses unités de recherche, a reçu cinq dossiers d’enseignant·es-chercheur·es et de chercheur·es éligibles à ce dispositif. Nous soutenons ces cinq dossiers, dans l’espoir que certains d’entre eux seront retenus lors de la première vague d’accueil – qui devrait concerner au total une quinzaine de scientifiques en exil. Nous comptons sur vous tou.tes pour accompagner cette démarche et nous tenir informé.es de l’arrivée de collègues exilé.es que l’université pourrait soutenir dans le cadre des prochaines vagues d’accueil.

Nathalie DOMPNIER
Présidente de l’Université Lumière Lyon 2