Mise à jour le 17 déc. 2021
Publié le 30 novembre 2021 Mis à jour le 17 décembre 2021

Lauréat du prix 2021 pour sa thèse de littéature française « Des aristocrates de papier. Trois figurations littéraires de nobles à la fin de l'Ancien Régime (Besenval, Polignac, Richelieu) », Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (IHRIM), École doctorale Lettres, langues, linguistique & arts (3LA).

Parcours
et thèse
« [...] je me suis inscrit en doctorat à Lyon 2 et j’ai rejoint le laboratoire IHRIM, ce qui a abouti six ans plus tard à la soutenance de thèse. Entre temps il y a eu beaucoup de lecture, de travail, d’écriture, d’heures d’enseignements, d’angoisse et de plaisir mêlés. C’est exigeant et difficile d’écrire une thèse, mais pour celles et ceux qui ont le goût de la recherche, c’est aussi extrêmement enthousiasmant. »
Quel est votre parcours ?

M. T. : Après avoir intégré l’ENS de Lyon, j’ai choisi de me spécialiser en littérature du XVIIIe siècle, probablement parce que j’étais attiré par la distance chronologique et la possibilité de donner une dimension historienne à mon travail de recherche. Ensuite, après avoir passé l’agrégation de lettres modernes et un an aux États-Unis en tant que lecteur de français à Harvard, je me suis inscrit en doctorat à Lyon 2 et j’ai rejoint le laboratoire IHRIM, ce qui a abouti six ans plus tard à la soutenance de thèse. Entre temps il y a eu beaucoup de lecture, de travail, d’écriture, d’heures d’enseignements, d’angoisse et de plaisir mêlés. C’est exigeant et difficile d’écrire une thèse, mais pour celles et ceux qui ont le goût de la recherche, c’est aussi extrêmement enthousiasmant.

Quel est le sujet de votre thèse ?

M. T. : Ma thèse porte sur le processus de figuration littéraire de trois nobles de la seconde moitié du 18e siècle, c’est-à-dire leur utilisation en tant que références, personnages ou encore instances énonciatrices dans des dispositifs littéraires variés : non seulement des formes littéraires traditionnelles, comme le roman ou le théâtre, mais aussi des Mémoires, des œuvres historiques, ou encore des pamphlets. J’ai pu ainsi mener l’enquête à partir d’un corpus primaire riche et varié, en le mettant en perspective grâce à des œuvres majeures de cette époque, qui m’ont servi de jalons (Voltaire, Rousseau, Diderot, mais aussi Mercier ou Sade). L’objectif premier de ce travail était de mettre au jour l’imaginaire social de la noblesse de la fin de l’Ancien Régime au tournant des Lumières, afin de mieux comprendre la relative persistance du prestige nobiliaire après la Révolution. Mais il s’agissait aussi d’explorer la dimension littéraire de la configuration des imaginaires, à travers l’importance de certains dispositifs formels comme l’anecdote – ainsi que la persistance d’une mémoire culturelle de la noblesse sur le temps long, par-delà la fracture révolutionnaire. La thèse souligne ainsi l’importance que peut avoir la littérature dans la construction symbolique du social. Aussi bien dans le choix de mes objets d’étude dans les outils théoriques mobilisés, j’ai essayé de construire un croisement disciplinaire entre les études littéraires et d’autres champs de recherches issus des sciences humaines et sociales : histoire culturelle, histoire des représentations, mais aussi études de genre.

Quelles sont vos "activités" depuis votre soutenance ?

M. T. : Aujourd’hui je suis professeur dans le secondaire et, tout préparant des candidatures à des postes de maître de conférences en littérature du XVIIIe siècle, je continue mes travaux de recherche. Je continue à m’intéresser à la noblesse, mais aussi à d’autres objets. Je travaille notamment sur les enjeux éthiques et épistémologiques de l’étude des scènes de violence sexuelle dans la littérature ancienne. Mais je m’intéresse aussi de plus en plus à une période bien précise, assez courte et un peu oubliée de l’histoire littéraire, qui commencerait à la mort des grandes figures des Lumières (Rousseau et Voltaire en 1778, D’Alembert en 1783, Diderot en 1784) et se terminerait avec la Révolution. Ce dernier état du champ littéraire prérévolutionnaire mérite que l’on s’y attarde parce qu’il me paraît pouvoir offrir un aperçu plus global du fonctionnement du monde de la littérature sous l’Ancien Régime et, plus généralement, nourrir une histoire sociale de la littérature sur la longue durée.

Que représente le prix de thèse et quelle raison vous a motivée à candidater ?

M. T. : J’ai participé au concours sur les conseils toujours avisés de mon directeur de thèse, Olivier Ferret, sans trop y croire, mais en me disant que cela valait le coup d’essayer. Il faut conclure que c’était plutôt une bonne idée ! Je suis particulièrement ravi de l’aide à la publication, puisque j’aime beaucoup les livres des PUL, que je trouve d’une très grande qualité, et que j’envisageais déjà de leur soumettre le manuscrit de la thèse remaniée.

Questionnaire
de Proust

Maxime Triquenaux s'est prêté au jeu de notre version du questionnaire de Proust.

  • Quelle est la ville où vous aimeriez vivre ?
    Lisbonne, ou La Nouvelle-Orléans, ou n’importe où en Italie.
     
  • Quel est votre film culte ?
    Les Chansons d’amour, de Christophe Honoré (2007). Et, déformation professionnelle, Marie-Antoinette de Sofia Coppola (2006).
     
  • Si vous n'étiez pas devenu docteur dans votre discipline à Lumière Lyon 2, qu'auriez-vous aimé faire ?
    Responsable de la confection de la pâte à choux ou de la chantilly, dans une pâtisserie. Ou bien critique gastronomique au Michelin. Ou encore programmateur pour la radio – passer ses journées à faire des playlists, le rêve.
     
  • Quel est votre mot favori ?
    Intéressant.
     
  • Qu'est-ce qui vous fait peur ?
    La rigidité.
     
  • Quel est le don que vous aimeriez posséder ?
    J’adorerais savoir jouer de la trompette.
     
  • Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
    La mort d’un père, le premier volume de Mon combat, le cycle autobiographique d’un auteur norvégien contemporain, Karl Ove Knausgaard. C’est formidable.
     
  • Que vous reproche-t-on souvent ?
    De procrastiner.
     
  • Qu'est-ce qui vous fait rire ?
    L’autodérision.
     
  • Que détestez-vous ?
    L'esprit de sérieux.
     
  • Quelle est votre devise ?
    Je n’en ai malheureusement pas. J’attends un anoblissement pour me pencher sur la question.
     
  • Quel est le moment de la journée que vous préférez ?
    Je suis plutôt du soir.
     
  • Avez-vous un modèle (scientifique, essayiste, personnalité…) ou une personne qui vous inspire ?
    J’admire beaucoup Carlo Ginzburg.