Publié le 13 novembre 2025 Mis à jour le 19 novembre 2025
le 19 novembre 2025

Lauréate du Public Choice Award des World Soundtrack Awards 2025, Laetitia Pansanel-Garric, compositrice et enseignante-chercheuse à l’Université Lumière Lyon 2, est également actuellement nominée au Prix France Musique – Sacem de la musique de film. L’Université salue cette double reconnaissance et invite l’ensemble de sa communauté à soutenir sa candidature.

Une reconnaissance internationale

La 25e édition des World Soundtrack Awards, organisée à Gand (Belgique) en clôture du Film Fest Gent, a distingué le travail de Laetitia Pansanel-Garric en lui attribuant le Public Choice Award pour la bande originale du film Hola Frida.

Ce prix, décerné par le public, récompense le compositeur ou la compositrice ayant marqué l’année de l'univers cinématographique. Elle devient ainsi la première française et la deuxième femme à recevoir cette distinction.
 

Compositrice et enseignante-chercheuse à l'Université

Compositrice, cheffe d’orchestre et enseignante-chercheuse à l’UFR Langues, littératures, civilisations et arts (LESLA) de l’Université Lumière Lyon 2, Laetitia Pansanel-Garric partage son activité entre création musicale et transmission des connaissances auprès des étudiantes et étudiants.
À travers Hola Frida, œuvre inspirée de la jeunesse de Frida Kahlo, elle poursuit une démarche artistique qui interroge les relations entre musique, récit et construction des imaginaires.
Cette reconnaissance internationale met en lumière la diversité des profils et des talents qui composent l’Université : chercheuses et chercheurs, artistes, étudiantes et étudiants, créatrices et créateurs participent collectivement à la richesse et au dynamisme de notre communauté.
 

Une nouvelle nomination au Prix France Musique - Sacem

Portée par ce succès, Laetitia Pansanel-Garric figure désormais parmi les personnes nominées du Prix France Musique – Sacem de la musique de film 2025, qui distingue chaque année les compositrices et compositeurs contribuant au rayonnement de la musique à l’image.

Voter pour Hola Frida (Karine Vézina, André Kadi), Compositrice : Laetitia Pansanel-Garric
 
Les votes du public sont ouverts jusqu’à la fin du mois sur le site de France Musique.
Pour que chaque vote soit bien pris en compte, il est recommandé de ne pas utiliser le réseau wifi de l’Université, car plusieurs votes réalisés depuis la même adresse IP peuvent être comptabilisés comme un seul.
 

Entretien avec Laetitia Pansanel-Garric

Que représente pour vous cette distinction du public aux World Soundtrack Awards ?
Recevoir ce prix a été pour moi une immense joie et une grande fierté.
C’est une véritable ouverture à l’international, car les personnes qui ont voté pour ma bande originale ne sont pas issues du réseau français. J’ai ressenti que cette distinction ne tenait pas à des réseaux ou à de la cooptation, mais bien à la qualité de la partition, ce qui me touche profondément.

Je ne m’attendais pas du tout à gagner : ce prix distingue les 50 meilleures partitions au monde de l’année, puis une sélection de cinq finalistes. Me retrouver dans cette liste, puis remporter le prix, était presque irréel. Je pense être la première française et la deuxième femme à l’obtenir, ce qui rend la distinction encore plus symbolique.

Le fait de travailler sur un film d’animation m’a aussi offert une visibilité plus large qu’un film français traditionnel. Le réalisateur, musicien de haut niveau, m’a donné beaucoup de liberté, ce qui a permis une partition pleinement mise en valeur. Ce prix est le résultat d’un alignement de circonstances, mais aussi d’un travail abouti, porté par un film très visible.
 
Comment avez-vous abordé la création musicale de Hola Frida ?
Quelles ont été vos principales inspirations et quelle place les réalisateurs ont-ils occupée dans ce processus ?
Le travail s’est fait en collaboration étroite avec le réalisateur André Kadi, musicien expérimenté.

J’ai dû composer ce que j’appelle trois partitions en une, en raison des besoins narratifs et esthétiques du film :
1 – Une dimension folklorique
Je me suis inspirée de plusieurs styles traditionnels mexicains. Il y a beaucoup de huapango, sorte de valse en 6, 8 temps en Do majeur ; son jarocho, utilisant beaucoup la harpe et qui rappelle le monde de l'orchestre ; il y a un peu de ranchera, musique traditionnelle mexicaine et bien entendu, l'univers des mariachis qui représente l'univers de la joie.
Je ne pouvais pas utiliser de thèmes existants, pour des raisons artistiques et légales. J’ai donc composé mes propres thèmes, en respectant les codes du folklore, afin de pouvoir les adapter aux besoins du film.

2 – Une dimension orchestrale
J’ai ensuite développé ces thèmes dans un langage orchestral capable d’accompagner les émotions du personnage.
Le « thème de Frida » traverse ainsi tout le film, porté tour à tour par la joie, la tristesse ou la résilience.

3 – Une dimension onirique
Dans les séquences inspirées des peintures de Frida Kahlo, j’ai adopté un langage musical impressionniste, parfois proche de Debussy ou Ravel, afin de traduire l’univers visuel très fort de ces scènes.
 
Comment parvenez-vous à concilier votre activité de compositrice avec votre rôle d’enseignante-chercheuse au sein de l’Université ?
Je concilie les deux de plus en plus difficilement, car ma carrière de compositrice a pris beaucoup d’ampleur. Mais je ne souhaite absolument pas renoncer à l’enseignement : c’est un équilibre essentiel pour moi. Aller en cours me permet de sortir de l’isolement de la composition et nourrit ma créativité. Les étudiantes et étudiants de l’Université sont très engagés et passionnés, et les échanges avec elles et eux m’apportent beaucoup.

Comme beaucoup d’enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs, je dois composer avec le manque de temps, surtout lorsqu’on est plongée dans un travail créatif ou académique exigeant. Mais transmettre reste pour moi une priorité.
 
En quoi vos travaux de recherche nourrissent-ils votre pratique artistique, et comment votre expérience de compositrice enrichit-elle votre réflexion académique ?
Ma thèse, consacrée à la musique de films d’animation français, nourrit de manière très directe ma pratique de compositrice. Lorsque j’ai choisi ce sujet, je n’imaginais pas du tout que je me retrouverais un jour à faire partie du corpus que j’étudie. Le fait d’avoir composé la musique de Hola Frida, un film coproduit en France, m’oblige désormais à intégrer ma propre expérience dans mon analyse scientifique. C’est à la fois singulier, stimulant et un peu vertigineux.

Au fil de mes travaux, j’ai eu la chance d’être sollicitée pour contribuer à des articles et à des publications de recherche, ce qui m’a donné un véritable espace pour partager mes analyses et participer à l’évolution des connaissances dans le domaine de la musique de film et de l’animation. Ce rôle d’autrice de contenus scientifiques est important pour moi : il me permet de porter un regard critique, informé et situé sur des œuvres, des répertoires et des pratiques encore peu étudiés.

Aujourd’hui, ma carrière de compositrice s’est intensifiée, et cela rend la rédaction de ma thèse plus difficile, faute de temps disponible pour m’immerger pleinement dans ce travail. Néanmoins, je souhaite aller au bout de ce projet, car il me tient profondément à cœur. J’ai été très soutenue par l’Université Lumière Lyon 2, et je lui suis particulièrement reconnaissante pour la confiance et les encouragements qui accompagnent ce parcours exigeant mais essentiel.
 
Quel regard portez-vous sur l’essor de l’intelligence artificielle dans la création musicale ?
La percevez-vous comme un outil, une menace ou une transformation inévitable du métier ?
L’intelligence artificielle suscite chez moi à la fois de la vigilance et un certain intérêt. Elle représente un risque réel pour certains secteurs – notamment celui du documentaire – où des outils sont déjà capables de générer des musiques réalistes, modulables et produites à partir de styles clairement identifiés. Les dérives existent : créations d’« artistes » virtuelles et virtuels, production automatique d’albums, systèmes qui génèrent faux profils et fausses écoutes pour produire des droits. Tout cela témoigne d’un bouleversement profond en cours.

Mais l’IA n’est pas qu’une menace ; elle constitue aussi une aide précieuse. Dans la composition de musique de film, nous sommes désormais amenés à cumuler plusieurs métiers qui autrefois étaient distincts : composition, orchestration, arrangement, mixage, pré-mixage, travail d’ingénierie du son… L’IA joue ici un rôle d’assistance technique, notamment pour l’égalisation ou certaines opérations de finition, permettant d’alléger une charge qui n’a cessé de croître ces vingt dernières années.

Pour autant, l’IA ne peut pas composer à l’image avec toute la finesse psychologique, narrative et dramaturgique qu’exige la musique de film. Elle ne maîtrise pas les nuances liées aux personnages, aux lieux, aux émotions et aux transformations internes d’un récit. Ce travail repose encore, et pour longtemps, sur la sensibilité humaine.

J’estime néanmoins que l’évolution de ces outils est inévitable ; il nous appartient de les accompagner, de les comprendre et d’en fixer collectivement les limites pour protéger la créativité et les métiers artistiques.
 
Que signifie pour vous cette nouvelle nomination au Prix France Musique – Sacem ?
Cette nouvelle nomination représente pour moi une immense fierté. Elle signifie que le film, comme ma partition, ont été suffisamment visibles et reconnus pour figurer dans cette liste très sélective. Dans le milieu de la musique de film, une telle nomination est rare ; elle offre une visibilité exceptionnelle et témoigne d’une véritable reconnaissance professionnelle.

Ce prix aurait pour moi une portée toute particulière. Il me donnerait peut-être l’occasion de composer pour le grand orchestre de Radio France, un rêve d’enfant. Ce serait l’accomplissement d’une grande passion : l’écriture orchestrale et le répertoire symphonique, qui restent au cœur de mon identité artistique.

Savoir que des personnes ont déjà voté pour moi me touche profondément. Voir ce soutien, concret et bienveillant, me réchauffe le cœur. Cette nomination est une chance unique, et j’ai beaucoup de gratitude envers toutes celles et ceux qui m’encouragent dans cette aventure.
 
Quel message souhaitez-vous adresser à la communauté universitaire qui vous accompagne dans cette nomination ?
Nos carrières nous conduisent parfois vers des situations auxquelles on ne s’attend pas, et me voici aujourd’hui nommée pour ce prix. Je sais que cette chance est exceptionnelle, et il me semble peu probable d’être de nouveau sélectionnée un jour. C’est précisément pour cela que je souhaite mettre toutes les chances de mon côté.

Ce prix n’est pas une question d’argent ; il représente une reconnaissance artistique, mais aussi la possibilité de faire résonner notre communauté au sein des plus hautes instances culturelles. Je suis fière de pouvoir montrer que nous avons, à l’Université, de belles choses à porter et à défendre.

Pour cela, j’ai besoin du soutien de chacune et chacun. Un vote peut sembler anodin, mais c’est un simple clic qui peut réellement changer la suite des choses. Votre soutien, même modeste en apparence, peut avoir un impact déterminant.

Si vous souhaitez soutenir Laetitia Pansanel-Garric, vous pouvez voter pour Hola Frida.


 

Informations pratiques