Félicitations à Katja Doose, Chaire Professeur Junior au laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA), qui vient d’obtenir une prestigieuse bourse ERC Starting Grant pour son projet "ENVIROSHIFT – Shifting perspectives on environmental change: A History of the Earth Sciences in Central Asia and the Caucasus, 1880–2000", qui débutera en mars 2026. Il s'inscrit dans le champ des sciences humaines et sociales, au niveau du panel SH6 - L'étude du passé humain de l'appel à projets "Starting grant" du Conseil européen de la recherche (ERC).
Entretien avec Katjia Doose
Historienne, spécialiste de l’histoire environnementale de l’Eurasie au XXe siècle, Katja Doose est actuellement titulaire d’une Chaire de Professeur Junior à l’Université Lumière Lyon 2, au sein du LARHRA. Elle a soutenu sa thèse en 2018 à l’Université de Tübingen sur l’histoire soviétique de la gestion des catastrophes. Après son doctorat, elle a poursuivi son parcours par plusieurs expériences postdoctorales : à l’Université de Birmingham, à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) au Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC), comme visiting fellow au Center for International Environmental Studies de l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève, puis à l’Université de Fribourg, avant de rejoindre l'Université Lumière Lyon 2 et plus particulièrement l'UFR Temps et territoires. |
Glacier Vanch-Yakh, en Tajikistan. Photo de Richard Finsterwalder en 1928 | © Académie bavaroise des sciences, Allemagne, Christoph Mayer |
♦ Quel est l'objet de votre projet ENVIROSHIFT ?
K. D. : « Ce projet porte sur l’histoire environnementale des sciences de la Terre dans les régions montagneuses de l’Asie centrale et du Caucase. Il s’intéresse aux géologues, glaciologues et sismologues actifs aux périodes tsariste et soviétique, et interroge la manière dont leurs perspectives sur le changement environnemental se distinguaient des récits occidentaux. Alors même que ces régions ont joué un rôle important dans la compréhension du changement environnemental global, aucune histoire cohérente des sciences ou de l’environnement n’existe encore pour cet espace. »♦ Comment ce projet s'inscrit-il dans vos activités et votre carrière ?
K. D. : « Ce projet prolonge un intérêt de longue date que je porte aux manières dont les sociétés et les États répondent aux transformations. Après avoir étudié la gestion des catastrophes dans l’Union soviétique, j'ai élargi mon approche au changement environnemental global et me suis interrogée sur le rôle des scientifiques : comment ces hommes et ces femmes (celles-ci, bien que peu nombreuses, existaient) ont interprété et communiqué les transformations de l’environnement, et quels étaient les outils à leur disposition pour agir ?L’obtention de cette bourse ERC constitue pour moi à la fois une étape professionnelle décisive et une reconnaissance personnelle. Après de nombreuses années d’expérience postdoctorale, ce financement m'offre l’opportunité de développer toute ma créativité, de constituer une équipe et de concevoir un projet scientifique à ma manière. Ainsi, au cours des cinq prochaines années, le projet ENVIROSHIFT permettra de monter une équipe de recherche, d’élargir les collaborations internationales et de développer de nouveaux liens entre histoire de l’environnement, histoire des sciences et débats sur le changement global. »
♦ Comment se prépare un projet d'une telle ampleur ?
K. D. : « Si répondre à ce type d'appel à projets représente un travail personnel conséquent, il s'agit d'une expérience à la fois individuelle et collective. J'ai eu la chance d’avoir pu compter sur le soutien de l’Université Lumière Lyon 2, notamment du service Ingénierie de projets et partenariats de la Direction de la Recherche et des écoles doctorales (DRED) et plus particulièrement de en particulier de Claire Joncheray, chargée de projets de recherche SHS ; de Stéphane Frioux, directeur du LARHRA, qui avait accepté d’accueillir mon projet avant même ma prise de poste comme professeure junior, ainsi que de mon réseau de collègues historiens et historienne en Europe, qui m’ont accompagnée dans la préparation et la réussite de cette candidature. »Du point de vue du laboratoire
♦ Que représente ce projet ERC pour le LARHRA ?
S. F. : « Je suis très heureux du succès de Katja Doose qui va apporter un vent de fraîcheur venu de l'est à nos thématiques de recherche en histoire des sciences et de l'environnement. L'histoire environnementale s'est développée de façon remarquablement rapide en France depuis une quinzaine d'années et le LARHRA accueille désormais plusieurs chercheurs, chercheuses, enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheuses spécialistes, ainsi que des doctorantes et doctorants. Pour ces jeunes chercheurs et chercheuses, pouvoir suivre l'aventure intellectuelle et scientifique que représente ENVIROSHIFT sera stimulant, tout comme la mise en contact avec les post-docs qui viendront aider Katja dans son projet. »
|
Informations pratiques
Partenaires
Les bourses ERC (European Research Council) du programme Horizon Europe sont des appels à projets qui financent des projets de recherche ambitieux, dans tous les domaines de la science et de la technologie. L'unique critère de sélection est l'excellence scientifique. Programme de la Commission Européenne finançant la recherche et l'innovation, Horizon Europe est composé de différents dispositifs de financement (=appels à projets) qui finance une variété de typologies de projets (recherche individuelle, collaborative, fondamentale, etc.). |