Mise à jour le 03 janv. 2022
Publié le 30 novembre 2021 Mis à jour le 3 janvier 2022

Accessit du prix 2021 pour sa thèse de sociologie « Espaces et temps de la «production d'enfants ». Sociologie des grossesses ordinaires », Centre Max Weber, École doctorale Sciences sociales (ScSo). Elsa Boulet est également co-lauréate du prix de thèse 2021 de l'Institut du Genre, groupement d'intérêt scientifique, visant à soutenir la jeune recherche et à encourager la diffusion des connaissances dans le domaine du genre et des sexualités.

Parcours
et thèse
« J’ai fait ma thèse en 6 ans, tout en enseignant en parallèle dans différentes filières (sociologie, institut de travail social, école de sage-femme, administration économique et sociale…). Ça n’était pas toujours facile mais c’était aussi une période très riche, notamment du fait des nombreux et passionnants échanges avec les collègues ! »
Quel est votre parcours ?

E. B. : J’ai 31 ans. J’ai fait mes études de sociologie à l’ENS de Cachan (aujourd’hui ENS Paris Saclay) et à l’Université Paris IV, puis un master 2 Genre à l’EHESS. J’ai fait ma thèse en 6 ans, tout en enseignant en parallèle dans différentes filières (sociologie, institut de travail social, école de sage-femme, administration économique et sociale…). Ça n’était pas toujours facile mais c’était aussi une période très riche, notamment du fait des nombreux et passionnants échanges avec les collègues ! Après ma soutenance j’ai été recrutée comme postdoctorante au Conservatoire national des arts et métiers. Je souhaite poursuivre dans la recherche et l’enseignement supérieur.

Quel est le sujet de votre thèse ?

E. B. : Cette thèse propose de problématiser la grossesse comme un travail des femmes encadré par des institutions et façonné par les rapports sociaux de genre, de classe, et de race. L’analyse est basée sur une enquête par entretiens auprès de femmes enceintes et de leurs conjoints, et par observations dans deux maternités hospitalières (Île-de-France, 2014-2017).

Présentation vidéo réalisée dans le cadre du prix de thèse de l'Institut du genre.
Cette thèse montre que la survenue des grossesses est encadrée par une norme conjugale, qui se décline selon des scripts conjugaux ; elle souligne également que le « bon moment » (la norme procréative) pour avoir un enfant varie selon les trajectoires et les positions sociales des femmes et de leurs conjoints. Elle interroge la manière dont l’encadrement étatique et médical des grossesses définit une temporalité spécifique de la gestation et met les femmes enceintes au travail de patiente. Le soin s’étend à l’espace et au temps domestiques dans la mesure où les femmes enceintes sont incitées à modifier leur vie quotidienne pour prévenir les risques. La division genrée du travail ménager et parental n’est modifiée que marginalement à l’occasion de la grossesse, tandis que la préparation de l’accueil d’un nouveau-né s’ajoute pour les femmes aux tâches habituelles. Dans l’espace du travail salarié, les grossesses apparaissent comme clandestines, à la fois illégitimes et ignorées. Elles jouent un rôle de révélateur vis-à-vis du salariat, en mettant en lumière l’extension du temps de travail, la pénibilité et les risques professionnels.
Que représente le prix de thèse et quelle raison vous a motivée à candidater ?

E. B. : Ce concours était une opportunité de faire connaître ma thèse à un public plus large que les sociologues spécialistes de mes thèmes de recherche. J’espère aussi qu’il me permettra de faire publier ma thèse sous forme de livre.

Questionnaire
de Proust

Elsa Boulet s'est prêtée au jeu de notre version du questionnaire de Proust.

  • Quelle est la ville où vous aimeriez vivre ?
    Lyon ! J’ai découvert cette ville pendant ma thèse, même si je n’y vivais pas : je faisais des aller-retour pour les séminaires et réunions, les événements du Centre Max Weber. J’y ai pris goût et j’aimerais m’y installer à l’avenir.
     
  • Quel est votre film culte ?
    Le château ambulant d’Hayao Miyazaki (2004).
     
  • Si vous n'étiez pas devenue docteure dans votre discipline à Lumière Lyon 2, qu'auriez-vous aimé faire ?
    Pendant longtemps j’ai voulu être journaliste-reporter. Et depuis ma thèse je me dis que le métier de sage-femme dois être passionnant aussi.
     
  • Quel est votre mot favori ?
    Je passe, il y en a beaucoup trop !
     
  • Qu'est-ce qui vous fait peur ?
    Les régressions sociales qui ne sont jamais bien loin malheureusement, qu’il s’agisse des droits et des conditions de vie des femmes, ou d’autres enjeux sociaux, écologiques...
     
  • Quel est le don que vous aimeriez posséder ?
    Parler aux animaux… surtout quand mon chien fait des siennes !
     
  • Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
    L’Assassin royal de Robin Hobb.
     
  • Que vous reproche-t-on souvent ?
    « Madame, vous avez (enfin) corrigé nos copies ?? »
     
  • Qu'est-ce qui vous fait rire ?
    Mes ami-es !
     
  • Que détestez-vous ?
    Les endives.
     
  • Quelle est votre devise ?
    À plusieurs, on est plus intelligent-es.
     
  • Quel est le moment de la journée que vous préférez ?
    La pause café.
     
  • Avez-vous un modèle (scientifique, essayiste, personnalité…) ou une personne qui vous inspire ?
    Les femmes qui luttent et qui changent notre vie !