Lauréate du prix 2020 pour sa thèse de sociologie « Mobilities, Translocal Economies and Emotional Modernity. From the Factory to Digital Platforms, between China and Taiwan », UMR Triangle, École doctorale Sciences sociales (ScSo).
- Parcours
et thèse -
- Quel est votre parcours ?
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B. Z. : Je suis une jeune sociologue de 28 ans, actuellement chercheuse postdoctorale à l’Université de Tübingen, au European Research Centre on Contemporary Taiwan. Je suis membre du Bureau de l’Association Européenne d’études Taiwanaises (EATS) et du Rt2 « Migrations » de l’Association française de sociologie (AFS), membre de TRIANGLE UMR 5206 et du IAL ‘Post-western sociologies in Europe and in China’ (ENS Lyon-CASS).
Italienne, arrivée à Lyon depuis Milan en 2011, j’ai étudié les sciences sociales à l’Institut d’études politiques de Lyon, où j’ai été major de promotion en 2016. J’ai également obtenu un Master 2 « Asie Orientale Contemporaine » (ASIOC) à l’ENS Lyon. Dirigée par Laurence Roulleau-Berger (CNRS, ENS Lyon), j’ai réalisé un mémoire de sociologie sur les migrations et l’exploitation au travail de jeunes ouvrières migrantes chinoises en Chine du Sud, qui a obtenu le Prix des Droits de l’Homme de la Ville de Lyon (2017).
Grâce à un contrat doctoral octroyé par l’ED 483 et à plusieurs financements de terrain, j’ai vécu de 2016 à 2019 entre la France, la Chine, Taiwan et l’Allemagne en réalisant mes recherches doctorales, dirigées par Laurence Roulleau-Berger (CNRS, ENS Lyon) et Hsin-Huang Michael Hsiao (Institute of Sociology, Academia Sinica, Taipei). J’ai ainsi vécu dans les campagnes de la Chine interne, dans les dortoirs des entreprises multinationales de la Chine du Sud, ainsi que dans les villes taiwanaises de Taipei, de Hsinchu et de Hukou. Pendant ces années, j’ai également été chercheuse invitée à l’université de Shanghai, à l’Academia Sinica de Taipei et à l’Université de Tübingen, et enseigné à Sciences Po Lyon en tant que chargée de cours et qu’ATER. Mes recherches ont également obtenu le Prix du Jeune Auteur de la revue Sociologie du Travail (mars 2021), ainsi que le Prix Christian Ricourt du jeune chercheur.e en études taiwanaises (2017). - Quel est le sujet de votre thèse ?
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B. Z. : Ma thèse est une contribution à la sociologie économique, à la sociologie des migrations et de la globalisation. À partir d’une ethnographie multi-située en Chine et à Taiwan, comprenant plus que 140 entretiens biographiques. Dans ma thèse j’ai suivi la "biographie" d’un soutien-gorge orange et fluorescent, pour explorer les mobilités de ses productrices : de jeunes femmes peu qualifiées, qui migrent des campagnes aux villes en Chine pour travailler dans les usines locales. Elles remigrent à Taiwan via le mariage et, éventuellement de nouveau en Chine après le divorce. Je me suis intéressée au lien entre migration, émotion et mondes digitaux, en montrant comment la mise en place de socialités numériques, de pratiques de solidarité, et d’e-entrepreneuriat permettent à ces femmes de « défaire » une condition de subalternité vécue en migration. J’ai ainsi analysé la morphologie complexe des mobilités contemporaines, forgées par des processus mutables de territorialisation locale et connectivité globale. En suivant les femmes et les objets qu’elles commercialisent, ainsi que les émotions qu’elles produisent, j’ai appréhendé l’émergence de nouvelles géographies digitales, commerciales et émotionnelles de la globalisation.
Pendant les années de mon travail doctoral, j’ai pu rentrer en contact avec un environnement académique français et international très riche et stimulant. À Lyon, j’ai été formée par des enseignant.es et des chercheur.es d’exception, qui m’ont guidée, encouragée et énormément soutenue, et sans lesquel.les mon travail n’aurait jamais vu le jour. La liste des remerciements serait infinie, mais je tiens vraiment à mentionner ici ma directrice de thèse, Laurence Roulleau-Berger in primis, et mon co-directeur, Michael Hsiao ; les membres du jury Anne Raulin, Michel Lallement et Isabelle Thireau ; Yveline Lecler, Stéphane Corcuff, Béatrice Jaluzot, Jean-Pierre Dedieu, Laurent Gedeon, Chloé Gaborieux, la direction de Sciences Po et du laboratoire TRIANGLE, tout.es les enseignant.es du Master ASIOC, les collègues du IAS ‘Sociologies post occidentale en Chine et en Europe’. Un merci infini également à mes collègues et ami.es Lucie Laplace, Grégory Giraudo-Baujeu, Eliza Benites-Gambirazo, Jérome Soldani, Li Yong, Yann Borjon-Privé, Sidonie Rancon qui ont lu et relu mes écrits, en corrigeant mes « phrases à l’italienne ». - Que représente le prix de thèse et quelle raison vous a motivée à candidater ?
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Le Prix de thèse de l'Université Lumière Lyon 2 me rend très heureuse et représente un soutien financier important à la publication de ma monographie Women Migrants in Southern China and in Taiwan. Mobilities, Digital Economies and Emotions, à paraitre chez Routledge à l’automne 2021.
- Terrains
de recherche -
Un.e chercheur.e peut aussi étudier son sujet dans son environnement naturel pour mieux le comprendre. On parle alors d'“étude de terrain” ou de “travail de terrain”. Découvrez les terrains de la recherche de Beatrice Zani qui nous emmène en Chine et à Taïwan.
- Questionnaire
de Proust -
Beatrice Zani s'est prêtée au jeu de notre version du questionnaire de Proust.
- Quelle est la ville où vous aimeriez vivre ?
Je suis cosmopolite et c’est dur d’avoir une préférence ! Une ville accueillante, verte et solidaire, où chacun.e a un logement, un revenu, travail et vit une vie digne
- Quel est votre film culte ?
The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman (1975)
- Si vous n'étiez pas devenue docteure dans votre discipline à Lumière Lyon 2, qu'auriez-vous aimé faire ?
J’aurais peut-être monté une coopérative autogérée de travail agricole, où jeunes précaires, chercheur.es sans poste, demandeur/euses d’asile et réfugié.es travaillent ensemble la terre, cultivant des tomates et des cerises (j’adore les cerises !).
- Quel est votre mot favori ?
Justice
- Qu'est-ce qui vous fait peur ?
La haine, l’intolérance, la violence.
- Quel est le don que vous aimeriez posséder ?
Le télétransport, je pourrai ainsi bouger d’un espace à l’autre, plus rapidement que la lumière, et sans polluer !
- Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Write no matter what de Joli Jensen. Par ailleurs, je recommande à celles et ceux qui se lancent dans un travail d’écriture !
- Que vous reproche-t-on souvent ?
Je parle trop, et je ne sais pas me taire. Également, je n’ai aucune patience.
- Qu'est-ce qui vous fait rire ?
L’humour British (par ailleurs, il faut rigoler). La politique italienne est aussi plutôt amusante.
- Que détestez-vous ?
L’injustice, les inégalités et le précariat. Mais, comme on est en contexte académique, on peut aussi rajouter la LPPR et le néolibéralisme.
- Quelle est votre devise ?
J’aimerais répondre ‘always look at the bright side of life’, à la Monty Python, mais je vais m’en tenir à ‘keine Panik !’ comme je suis en Allemagne.
- Quel est le moment de la journée que vous préférez ?
L’aube, ou très tôt le matin, quand tout le monde dort et je peux prendre du temps pour boire un café et imaginer à quoi la journée rassemblera.
- Avez-vous un modèle (scientifique, essayiste, personnalité…) ou une personne qui vous inspire ?
Plus qu’un.e. Mais je dirais les ouvrières migrantes chinoises (dagong mei 打工妹), avec lesquelles j’ai travaillé sur le terrain: courageuses et déterminées dans leurs luttes, et sans lesquelles mon travail de thèse n’aurait jamais pu être accompli.
- Quelle est la ville où vous aimeriez vivre ?