Publié le 3 juillet 2020 Mis à jour le 1 octobre 2020
le 1 juillet 2020

Alice Bonzom, ancienne doctorante sous la direction de Neil Davie, professeur de civilisation britannique , chercheur au laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA), vient de recevoir le Prix de thèse Joinet, décerné par l'Institut francophone pour la justice et la démocratie (IFJD), dans la catégorie "Histoire politique et sociale depuis 1870", pour sa thèse, soutenue dans notre Université en décembre 2019 sur "Criminelles ou rebelles, déviantes ou démentes : femmes victoriennes et édouardiennes dans l’univers carcéral londonien (1877-1914)".

Portrait

Âgée aujourd’hui de 33 ans, Alice Bonzom a rejoint notre Université en tant que doctorante contractuelle en 2013, après avoir intégré l’ENS Lyon en section anglais en 2007. Elle a commencé ses études supérieures à Paris, au lycée Chaptal, puis a poursuivi sa scolarité à l’ENS où elle a obtenu l’agrégation en 2010 avant de finir son master en civilisation britannique en 2011.
Elle a enseigné dans deux universités britanniques (King’s College London et Royal Holloway University of London) en tant que lectrice avant de devenir allocataire monitrice, puis ATER et, depuis 2018, PRAG à l'UFR Langues de notre Université au Département d'études du monde anglophone.
À l'occasion du Prix de thèse Joinet, elle nous présente sa thèse et ses recherches en cours.

Sa thèse

A. B. : Soutenue le 4 décembre 2019, ma thèse porte sur le parcours des femmes victoriennes et édouardiennes dans l’univers carcéral et semi-carcéral londonien. Intitulée « Criminelles ou rebelles, déviantes ou démentes : femmes victoriennes et édouardiennes dans l’univers carcéral londonien (1877-1914) », elle lie la notion de criminalité à celle de la déviance sous le prisme du genre : condamnations pénales, morales, sociales et médicales allaient parfois de pair pour les femmes, estompant les frontières entre criminalité, rébellion et, parfois, raison et déraison. Pour mieux appréhender la figure labile et protéiforme de la criminelle, la thèse sillonne donc avec les détenues les couloirs des tribunaux, des prisons, des établissements spécialisés dans le traitement de l’alcoolisme féminin et des refuges pour anciennes criminelles.

Jury de soutenance

Doctorante et public de la soutenance

Ses recherches

A. B. : Mon travail s’inscrit dans la perspective des études de genre, et s’efforce donc de ne pas estomper l’expérience carcérale masculine. À l’aide d’archives « d’en haut » mais aussi « d’en bas », ce travail remet en question certaines des théories élaborées par les historiens des prisons en matière de jugement pénal, de traitement carcéral mais aussi d’appréhension médicale. En trois grands mouvements – construire, réformer et soigner – il démontre que les criminelles, à la confluence de discours médicaux et pénaux, deviennent l’épicentre plutôt que les uniques cibles d’une « pathologisation » de la déviance criminelle, mais que cette médicalisation demeure entremêlée de principes moralisateurs classiques.

Je poursuis actuellement mes recherches en me concentrant notamment sur l’écriture d’une histoire « d’en bas » pour tâcher de redonner une voix aux détenues et les présenter non pas comme de dociles pantins mais comme des femmes « actrices », souvent astucieuses et parfois audacieuses. Je me concentre actuellement sur les processus d’exclusion de certaines femmes dans des lieux qui visent à les transformer en « aptes » citoyennes, travaillant ainsi sur l’interaction entre le genre, la délinquance et l’appartenance à la nation, en particulier pendant la période de l’entre-deux guerre. Je souhaite retracer une histoire polyphonique, pluri-sensorielle et corporelle de l’internement des femmes perçues comme de « mauvaises femmes ».

Prix de thèse Joinet

Connu jusqu'en 2019 sous le nom de Prix Varenne, le Prix de thèse Joinet est organisé par l'Institut francophone pour la justice et la démocratie - Louis Joinet. L'IFJD est spécialisé dans la recherche-action relative à la Justice et la démocratie, tout particulièrement en matière de transition démocratique et de justice transitionnelle.

Le 1er juillet 2020, Jean-Pierre Massias, Professeur de droit public à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour et Président de l'IFJD, a adressé ses félicitations à Alice Bonzom pour le Prix Joinet, décerné le jury dans la catégorie "Histoire politique et sociale depuis 1870" : « Parmi un très grand nombre de candidatures (283 cette année), votre thèse s’est distinguée par son excellence et son originalité. »

Depuis sa création, le Concours de thèse poursuit deux principales ambitions :
  • Il récompense d’abord le mérite des jeunes chercheur.es. En distinguant l’excellence et l’originalité de leurs travaux, il entend favoriser leur réussite et à accompagner le déroulement de leur carrière.
  • Le prix contribue ensuite à la diffusion des connaissances. La publication des thèses lauréates dans la « Collection des Thèses » de l’Institut, diffusée par la LGDJ-Lextenso éditions permet en effet de les porter à la connaissance de la communauté universitaire et du grand public. Cette collection comprend désormais près de 220 volumes !
La thèse d'Alice Bonzom va ainsi intégré la « Collection des thèses » de l'IFJD. Son ouvrage lui sera remis lors d’une cérémonie organisée à Paris en décembre 2020.
 
Catégories et jury
Les catégories du concours englobent la quasi-totalité du champ juridique et plusieurs domaines des sciences sociales.
  • Démocratisation (Transition démocratique, Justice transitionnelle et sortie de conflit) ;
  • Justice pénale internationale ;
  • Concepts fondamentaux du droit constitutionnel national et comparé ;
  • Protection interne, européenne et internationale des droits fondamentaux ;
  • Histoire du droit et des institutions ;
  • Théorie générale et philosophie du droit ;
  • Histoire politique et sociale depuis 1870 ;
  • Droit privé : concepts fondamentaux et droit comparé ;
  • Droit privé des activités économiques et des coopératives financières (catégorie soutenue et financée par la Fédération nationale des Banques Populaires).

Le jury compte près de quarante membres de renom, spécialistes des catégories ouvertes au concours, pour la plupart universitaires, garantissant à ce Prix une crédibilité scientifique et intellectuelle incontestable.

Informations pratiques