Mise à jour le 21 juin 2023
Du 15 novembre 2021 au 31 juillet 2022
Suite à l’épidémie de COVID 19, les bénévoles du bar associatif le Cheval Blanc se questionnaient sur la place des initiatives de sociabilité et culture en milieu rural. Plusieurs facteurs comme l’isolement géographique et face à l’écran avec la peur d’un retour de l’épidémie et un état d’insécurité pouvaient alors engendrer des effets de repli sur soi voire de repli identitaire, allant jusqu’à une crispation face à l’engagement et la participation aux activités associatives en général.
Face à cette crainte les bénévoles faisaient aussi le constat d’une plus grande attention aux questions de consommation locale et de participation dans lesquelles les nouveaux habitants jouent un rôle important. L’annulation des fêtes et des concerts dans les villages autour, et la mise en place du Pass Sanitaire rendaient les activités sociales et culturelles plus incertaines et des discussions avec des lieux similaires amenaient à s’interroger sur les politiques mises en place pendant le confinement et sur les obstacles à une vie associative et communautaires sereines dans des espaces ruraux déjà fragilisés.
Ce stage avec visait ainsi à co-construire avec le bar associatif Cheval Blanc des amorces de réponses aux questions suivantes : Dans quelle mesure la crise sanitaire et sociale requestionne la place des structures socio-culturelles informelles dans ce territoire rural de la Loire en tant que lieux de discussion et d’élaboration ? Quel peut être le rôle singulier de lieux hors cadre comme le Cheval Blanc ou d’autres dans ce contexte ?
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Le travail co-construit avec Adrienne Leroy, étudiante en Master 2 GTDL, leur a permis de questionner l’asymétrie entre des récits dominants dans l’espace médiatique et les récits de la pandémie à l’échelle du territoire. Le stage d’Adrienne a été composé d'une grande phase exploratoire d’entretien et d’ateliers pour documenter l’évolution du bourg de Saint Germain Laval et les représentations de ce territoire en temps de crise.
Si un récit global fait état d’une crise momentanée, l’étude de la période du Covid-19 à l’échelle du village de Saint-Germain en Laval a permis de mettre en évidence de fortes vulnérabilités, naturalisées et aggravées dans la crise. Un certain discours qui tend à glorifier les capacités de résilience des territoires ruraux contribue en réalité à masquer les difficultés vécues : l’isolement social, l’exclusion de certaines personnes de l’espace public et l'importance grandissante de la sphère virtuelle ont parfois été vécu comme une « chance » pendant la pandémie, avant de s’accentuer encore dans un contexte post-crise. Par exemple, la facilité de “se rencontrer” pendant la pandémie interroge des sociabilités rurales désormais repliées dans l’espace privé faute de café ou de lieux publics adaptés.
En proposant une critique en acte des rythmes du quotidien, du travail, et de la distance qui caractérisent la vie rurale contemporaine, le bar du Cheval Blanc s’inscrit dans un contexte de valorisation de la proximité, de l’économie solidaire et locale, et de renouvellement de l’intérêt pour les centres-bourgs pour tenter de répondre à ces problématiques. Le travail de l’étudiante a permis de pointer du doigt l’importance du bar comme support du débat et de la réflexivité, ainsi que son rôle comme espace de vie. Il mène à reconnaitre l’importance de la repolitisation des discours dans un espace public saturé par les discours de crise, qui focalisent l’attention sur le court terme. Il pointe également la nécessité des lieux de sociabilité en milieu rural pour construire une culture du débat aujourd’hui déficitaire. La démarche de recherche participative a également montré la difficulté d’aborder la question de la crise de manière frontale et la nécessité de passer par d’autres moyens.
Désormais, ce travail pourra alimenter les réflexions et ateliers menés dans ce lieu ou d’autres lieux similaires ayant un rôle singulier sur ces territoires en recomposition.
Pour en savoir plus :
Lors de la soirée de restitution des stages du 8 novembre à l'IUT de Roanne, Adrienne Le Roy et Isabella Tomassi du bar associatif le Cheval Blanc ont eu l'occasion de revenir sur ce travail. Retrouvez ici le podcast de la soirée. (à venir)Télécharger le mémoire ici.
Télécharger la synthèse ici.
Contact : fanny.dugelay@univ-lyon2.fr