Publié le 28 novembre 2022 Mis à jour le 28 novembre 2022
le 28 novembre 2022
La Boutique des sciences de l’Université Lumière Lyon 2 a organisé un retour d’expériences de recherches participatives autour de l’agriculture, de l’alimentation et des sociabilités sur le territoire roannais le mardi 8 novembre à l’IUT de Roanne.

Cette soirée a été introduite par Evelyne Lefevre, vice-présidente déléguée Campus de Roanne de l’Université Jean Monnet et Julia Bonaccorsi, vice-présidente Sciences et société de l’Université Lumière Lyon 2. L’intervention de Mme Lefèvre a su rappeler l’importance du campus de Roanne en tant qu’acteur de la cité et de l’écosystème roannais et sa relation très étroite avec les acteurs du territoire. Mme Bonaccorsi a poursuivi en soulignant la nécessité d’un apprentissage commun pour créer des coopérations fertiles pour toutes les parties prenantes.  Cet apprentissage est susceptible d’être accompagné par des dispositifs dédiés comme celui de la Boutique des Sciences, qui devient alors un tiers dans la relation entre les parties, un espace de croisement pour construire et répondre ensemble aux questions soulevées.


LES STAGIAIRES MISES À L’HONNEUR

La Boutique des sciences met en lien des associations exprimant des questions de société, avec des étudiant·es et des chercheur·es. Elle permet à ce groupe de recherche d’initier une réflexion commune autour d’un travail de terrain. Durant cette soirée, quatre stages, qui se sont déroulés sur le territoire du roannais durant l’année 2021-2022, ont été mis à l’honneur.

Photo des stagiaires BDS

Stagiaires et associations ont pris la parole pour restituer au public l’évolution de la question initiale de l’association en problématique de recherche. Ont ensuite été évoqués la mise en place de l’équipe, les échanges avec les acteurs sur le terrain pour aboutir à une présentation des résultats.  

Ainsi :
  • Aliz Hevesi a présenté, en compagnie de Claire Roso de la Ferme Tiers Lieu de la Martinière, son stage sur la « Pertinence d'un Tiers-lieu nourricier pour la transition écologique et alimentaire en Roannais ». Durant son stage, Aliz  s’est concentrée sur l’histoire récente et la naissance du terme « tiers lieu nourricier » pour analyser ce que l’utilisation du terme de “tiers-lieu” exprime des mutations du milieu agricole. Différents résultats ressortent de ses recherches. Le terme Tiers-Lieu ne vient pas nommer une discontinuité et originalité radicale des pratiques agricoles.  Ces lieux s’inscrivent dans la continuité des pratiques agricoles, marquées aujourd’hui par l’arrivée d’une nouvelle génération d’agriculteurs, en maintenant la fonction sociale des fermes sur le territoire. Le terme est alors synonyme des aspirations portées par cette nouvelle génération, qui souhaite retrouver un modèle inspiré des anciennes formes de sociabilités agricoles. Son utilisation est aussi concomitante à la mise en place de dispositifs d’action publique, et notamment de nouvelles formes de subventions orientée vers ses lieux parfois dits “alternatifs”.
     
  • Adrienne Le Roy et Isabella Tomassi du bar associatif le Cheval Blanc ont évoqué leur travail sur le « Rôle des lieux de sociabilité rurale dans un contexte de crise sanitaire et sociale ». Le stage d’Adrienne a été composé d'une grande phase exploratoire d’entretien et d’ateliers pour documenter l’évolution du bourg de Saint Germain Laval et les représentations de ce territoire en temps de crise. Suivant les premiers résultats de sa recherche, un certain discours qui tend à glorifier les capacités de résilience des territoires ruraux contribue en réalité à masquer une vulnérabilité acquise de ces milieux. Par exemple la facilité de “se rencontrer” pendant la pandémie interroge des sociabilités rurales désormais repliées dans l’espace privé faute de café ou de lieux publics adaptés. Ce travail mène à reconnaitre l’importance de la repolitisation des discours dans un espace public saturé par les discours de crise, qui focalisent l’attention sur le court terme. Il pointe également la nécessité des lieux de sociabilité en milieu rural pour construire une culture du débat aujourd’hui déficitaire.
     
  • Deux représentants de la MJC de Charlieu, Georges Goyet, administrateur et Nicolas Christianes, salarié, ont présenté le stage que Laura Hamon a réalisé en partenariat avec Fleuve Loire Fertile sur la question de l’« Intelligence collective collaborative territoriale en milieu rural face aux défis de la transition ». L’analyse institutionnelle des réseaux d’acteurs dans le projet Espace de Vie Sociale et Tiers-lieu nourricier ont permis de donner un aperçu des fertilisations croisées entre les acteurs qui œuvre pour les transitions sur le territoire de Charlieu.  Ce travail de diagnostic servira aux deux structures accueillantes pour s’orienter dans la complexité de ces interactions.
     
  • Irène Labbe-Lavigne, de la Boutique des Sciences de l’Université Lumière Lyon 2 a présenté l’enquête exploratoire sur « Le “bien-être” des agriculteur·ices » menée par Fanny  Dugelay avec Solidarité Paysans. Cette recherche a permis de mettre en face de causes de mal-être documentés six leviers de bien-être évoqués par les agriculteurs que sont : l’ouverture, la famille, le collectif, la vente directe, la diversification de l’activité et l’autonomie décisionnaire sur l'exploitation. Ces facteurs à la fois individuels, sociaux et environnementaux seront retravaillés par la chercheuse Mathilde Perray et un groupe de volontaires de Solidarité Paysans pour dégager des modèles dynamiques à partir de cette liste, qui inspireront les futures prises en charge de l’association.


UN TEMPS D’ÉCHANGES PRIVILÉGIÉ

Cette présentation des stages s’est suivie d’une table ronde autour du thème « Quelles coopérations pour les transitions en milieu rural, quelles synergies entre associations, universitaires et collectivités ? » regroupant 4 intervenant·es et animée par Hélène Chauveau, de la Direction Sciences et Société de l’Université Lumière Lyon 2.
  • Isabelle DUGELET, maire de La Gresle, vice-présidente de Charlieu Belmont Communauté (Cohésion Sociale et Santé) et membre de l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF)
  • Claude JANIN, membre de l’association Vivre Bio en Roannais, partenaire du projet de recherche PopSu SAGACITE
  • Stéphane FOLIARD, vice-président délégué Entrepreneuriat et Formation Continue à l’Université Jean Monnet  
  • Charli Verne, doctorant de l’Université Jean Monnet et de l’EHESP à l'Association Départementale des MJC de la Loire, actuellement en thèse sur « l’accompagnement des jeunes en milieu rural : quel(s) objectif(s), par quel.elle.s acteur.trice.s et quelles pratiques ? »
Photo de la table ronde animée par Hélène Chauveau
Toutes et tous se sont accordés sur l’importance des dispositifs de recherches collaboratives pour sortir des sentiers battus mais aussi sur la nécessité d’impliquer des partenaires variés allant des institutions universitaires aux étudiants, en passant par les associations locales et les élus sur le territoire.
Pour finir, les différents intervenant·es et le public se sont retrouvés autour d’un buffet local pour échanger, créer du lien et faire naître de nouvelles collaborations et nouveaux projets.
 

POUR EN SAVOIR PLUS :


 

Informations pratiques