Publié le 29 décembre 2022 Mis à jour le 4 janvier 2023

« À la poursuite de Radio Totchka » est un projet de documentaire radiophonique conduit par Olivier Givre, anthropologue, maître de conférences et chercheur au laboratoire Environnement, ville, société (EVS), autour de ses recherches sur la mémoire sonore du communisme en Bulgarie, en collaboration avec Raphaël Cordray, artiste sonore (association Microphone).

Produit lors d’une résidence de recherche-création à la Fabrique des Écritures (Marseille), l’épisode pilote qui suit vise à donner le ton de cette ethnofiction dont plusieurs épisodes seront produits en 2023. Ce travail illustre aussi une démarche de recherche-création et de médiation scientifique conduite depuis de nombreuses années, et qui donnera lieu à différents autres projets, dans le cadre d’une délégation à l’École française d’Athènes en 2023. Bonne écoute !

Olivier Givre
Ethnologue
Raphaël Cordray
Création sonore
Radiototchka : littéralement« point radio»
À partir de 1947. la Bulgarie s'équipe massivement en matériels de diffusion radiophonique, sous l'influence de l'Union soviétique. Apparaissent alors des récepteurs à un seul canal, appelés radiototchki. Présents dans les maisons privées aussi bien que dans l'espace public et différents bâtiments institutionnels. ces points radio diffusent à la fois les émissions de la radio nationale et des programmes locaux. Ils constituent longtemps la source d'information radiophonique majeure de la population. ainsi qu'un outil de propagande à la fois puissant et ordinaire.
Concerts de musique classique. journaux radiophoniques. annonces officielles. alternent avec des messages locaux qui peuvent concerner l'activité agricole aussi bien que des messages de la municipalité, ou encore des événements concernant la population. Ces points radio sont reliés par câble puis par ondes à des studios locaux animés par des fonctionnaires et des technicien.nes appointé.es. Leur présence massive traduit l'ambiance sonore de toute une société et de son régime politique.

Ce projet part à la recherche de ces radiototchki pour la plupart disparues, ainsi que des mémoires et des histoires qui leur sont associées. On se rappelle ainsi d'un haut-parleur devant l'épicerie qui diffusait de la musique populaire, des exercices de gymnastique proposés à la radio, des annonces concernant l'insémination du bétail tel jour à tel endroit, ou encore des campagnes de vaccination des enfants. Tout un univers sonore remplacé progressivement ou rapidement par d'autres modes de communication. Comme le dit un collectionneur de ces radios, « c'était le facebook de l'époque».
 

Aujourd'hui relégués dans une mémoire du quotidien qui reste à découvrir, ou alors dans les brocantes et les sites internet de matériel vintage, ces points radio fascinent car ils constituaient la texture sonore de la vie sous le communisme. entre moyen de démocratisation culturelle et outil idéologique. Que reste-t-il des radiototchki ? Quelle était leur portée auprès des gens ? De quoi est faite la mémoire sonore. de quels sons, quelles voix, quelles ambiances, quelles musiques ?

Olivier Givre
 
Olivier Givre est maître de conférences en anthropologie à l’Université Lumière Lyon2 depuis 2007.
Ses travaux concernent principalement l’Europe orientale et les Balkans, et portent sur trois thématiques : les processus patrimoniaux et mémoriels, les dynamiques frontalières et transfrontalières, les recompositions rituelles et religieuses.
Plus récemment, il engage une série de travaux sur les approches sensorielles et la recherche-création.

Partenaires

Avec le soutien de l’École française d’Athènes et de la Fabrique des écritures
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Olivier Givre (Université Lumière Lyon2, EVS) :