Mise à jour le 01 juil. 2022

À la rencontre des peintres d’Amazonie

Publié le 29 juin 2022 Mis à jour le 1 juillet 2022

Professeur agrégé d’espagnol et doctorant en histoire et civilisation de l’Amérique Latine, Thibaut Cadiou prépare sa thèse depuis septembre 2020 sur les représentations de la mémoire dans la peinture indigène contemporaine de l'Amazonie péruvienne et colombienne au sein de l’école doctorale Lettres, Langues, Linguistique & Arts (3LA - ED 484) à l’Université Lumière Lyon 2. Il est membre du laboratoire de Lettres et Civilisations étrangères (LCE).

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Quel est l’objectif principal de vos recherches ?
Ma thèse, intitulée « Représentation de la mémoire dans la peinture indigène contemporaine (1980-2020) du Nord-ouest amazonien », propose une analyse globale de ces mouvements artistiques, de la manière dont ils sont connectés entre eux, ainsi que des éléments culturels sur lesquels ils s’appuient : cosmogonies, mythes, histoires, rituels, traditions, vie quotidienne. D’autres chercheur.es s’intéressent à ce sujet, mais ce mouvement relativement récent n’a pas encore été étudié de manière systémique. La visibilité de ce mouvement ne cesse de grandir, il pourrait devenir beaucoup plus populaire dans les années à venir.

À quels grands enjeux de société répondent-elles ?
Les enjeux de mes recherches sont ceux soulevés par les artistes. Ils sont politiques, culturels, sociaux à travers la défense de leurs droits, et enfin environnementaux puisque l’Amazonie, dernière grande forêt sauvage, est devenue un des symboles de la crise environnementale. Les peintres amazoniens se placent en défenseurs de la nature. Jusqu’à quel point ces artistes peuvent-ils représenter les différentes cultures indigènes et avoir un rôle de porte-voix, en parallèle des mouvements politiques ou sociaux ? C’est une des questions soulevées par ma thèse. En effet, ce mouvement est très hétérogène, tout comme les préoccupations des peintres. Enfin, c’est peut-être une douce illusion mais j’ai l’espoir que les recherches menées sur les problématiques du peuple indigène contribueront à les visibiliser et à les soutenir.

Quelles autres pistes de recherche souhaiteriez-vous explorer ?
Il y a de nombreuses possibilités. J’aimerais continuer à étudier les problématiques indigènes à travers les formats d’expression artistiques et culturels en élargissant mes recherches à d’autres lieux d’Amérique latine, à d’autres thèmes que les représentations de la mémoire ou encore à d’autres formats d’expression comme le cinéma.
 

  Coups de coeur Découvrez les coups de cœur de Thibaut

 
Peinture

« Guernica » de Pablo Picasso.
Ce tableau, l'un des plus célèbres du peintre, représente le bombardement de la ville éponyme lors de la guerre civile espagnole. C’est l'une des représentations les plus puissantes des horreurs de la guerre. J’avais déjà vu la toile en photo, mais le fait de la voir au musée Reina Sofía à Madrid a été un déclic, elle m’a beaucoup touché, particulièrement marqué. C’est à cet instant que j’ai compris le pouvoir que pouvait avoir la peinture, lorsqu’un artiste met ses émotions sur la toile. On sent la colère de Picasso dans cette œuvre, l’injustice qu’il ressent, la tristesse, toutes ces émotions se transmettent très bien. Depuis, j’ai un attachement particulier à Picasso et à ce tableau en particulier.


Rember Yahuarcani
Au sein du mouvement artistique que j’étudie actuellement, c’est l’artiste péruvien que je préfère. Visuellement, graphiquement, ses toiles me plaisent beaucoup. J’aime la sensibilité qu’il met dans ses œuvres. Il se base sur les mythes et les légendes de son peuple. Ses œuvres sont à la fois très personnelles et intemporelles, puisqu’il partage une culture transmise de génération en génération.
 
Livre

« L’alchimiste » de Paulo Coelho
C’est un conte philosophique très poétique, très beau.


 

Film

Quentin Tarantino.
J’aime beaucoup les films de ce réalisateur. Il se nourrit de formes de cinéma variées (western, cinéma classique, hollywoodien, asiatique, etc.) et les regroupe dans ses films. Si je devais choisir parmi eux, ça serait les deux « Kill Bill ». D’ailleurs, je crois savoir qu’il ferait le même choix.
 

Musique

J’écoute des styles musicaux très variés en fonction de mon humeur du moment (rock, blues, etc.). J’aime aussi certains artistes de rap comme le rappeur vénézuélien Canserbero, malheureusement décédé, ou des groupes de rap féminins espagnols. À l’origine, le mot « rap » signifie rythme et poésie, mais il y a peu d’artistes qui respectent encore cette signification initiale. Quand je ne ressens pas de poésie, cela ne me parle pas du tout.