Mise à jour le 01 juil. 2022
À la recherche des sanctuaires romains
Publié le 14 avril 2022 – Mis à jour le 1 juillet 2022
Maître de conférence en archéologie et histoire de l'art du monde romain à l’Université Lumière Lyon 2, Aldo Borlenghi est membre du laboratoire Archéologie et Archéométrie (ArAr). Ayant à cœur le partage des savoirs, il codirige le chantier-école du sanctuaire dédié à la déesse Vacuna en Italie et mène des recherches ancrées dans le territoire sur les aqueducs lyonnais et le sanctuaire des Trois Gaules.
Quelles sont vos méthodes de recherche ?
Lors d’une fouille sur un site archéologique, la mission la plus importante est l’enregistrement, la documentation des vestiges et des observations. Nous prenons en compte tous les objets que l’on retrouve, leur étude nous apporte des indices supplémentaires. L’archéologie recouvre de nombreux métiers en fonction du type d’artefacts étudiés : céramologues (les céramiques), carpologue (les graines et les fruits), palynologue (les pollens), archéozoologue (les squelettes d’animaux), etc. Personnellement je suis spécialisé dans l’urbanisme, l’architecture, l’étude des matériaux et des espaces publics. Lorsque je travaille sur des sites qui ont déjà été fouillés, la méthode est différente. Je récupère toutes les données antérieures comme les documents d’archives des fouilles. Je localise les découvertes pour comprendre les vestiges, les mettre en réseau afin d’en obtenir une vue globale. J’étudie les inscriptions, les objets d’art tels que les statues, les monnaies ou encore les sources littéraires. Je collabore aussi avec des spécialistes d’autres disciplines et je compare mes découvertes avec des sujets similaires connus. Enfin, dans le cadre de l’archéologie préventive, lorsque des travaux d’aménagement ou de construction sont prévus dans un quartier lié à nos recherches, nous pouvons déjà avoir une idée de ce que l’on va trouver ou bien intégrer les éléments potentiellement découverts à nos résultats.
À quelles autres actions de diffusion des savoirs participez-vous ?
Je collabore avec le musée et site gallo-romains de Saint-Romain-en-Gal près de Vienne en tant que membre du comité scientifique. Tout comme un site archéologique, un musée est un livre ouvert. Je participe aussi à des émissions de radio ou des documentaires archéologiques. La diffusion des savoirs fait partie intégrante de nos missions d’enseignant.es-chercheur.es. L’enjeu est d’ouvrir l’Université sur la société pour que le grand public comprenne notre travail. C’est pourquoi la vulgarisation scientifique est très importante : tout le monde doit pouvoir profiter de nos recherches, à différentes échelles. Dernièrement, le comité scientifique de Lugdunum, musée et théâtres romains m’a contacté pour être consultant à l’occasion d’une prochaine exposition temporaire, qui proposera des monuments romains et des aspects de la vie quotidienne des citoyen.nes à travers des reconstitutions en briques LEGO®! Ce projet m’enthousiasme beaucoup car le musée prévoit notamment de reconstituer des monuments lyonnais : les aqueducs, les thermes… et aussi le sanctuaire des Trois Gaules. Cela constituera un véritable défi qui m’obligera à réfléchir différemment, cela promet d’être passionnant.
Quels thèmes de recherche souhaiteriez-vous encore explorer ?
Dans l’avenir, en plus du projet Vacuna et du sanctuaire des Trois Gaules, j’aimerais me consacrer au projet RES-EAU (Recherche sur l’Environnement et les Sociétés – l’Homme et l’eau entre Alpes et Jura, du Néolithique à la fin de l’Antiquité). Fin mars 2022, nous avons déposé ce projet auprès de l’Agence nationale de la recherche (ANR). Notre équipe pluridisciplinaire est constituée d’archéologues, d’historien.nes ou encore de chercheur.es spécialisé.es en paléo-environnement. Nous nous concentrons plus particulièrement sur cinq zones comprenant le Haut-Rhône et les grands lacs (Léman, Bourget, Annecy et Aiguebelette). L'omniprésence de l'eau en fait un excellent terrain d'étude pour questionner les interactions entre les communautés humaines et les ressources hydriques. En croisant nos compétences, nous cherchons à reconstituer le paysage sur une longue durée pour comprendre comment l’homme s’est adapté à ce type d’environnement, aux changements climatiques, aux flux migratoires, aux échanges commerciaux, etc. L’enjeu est d’exploiter les résultats afin d’apporter des réponses aux questions d’actualité, notamment en termes d’enjeux climatiques.
Comment votre discipline pourrait-elle évoluer ?
L’une des pistes d’évolution de l’archéologie est le développement des interactions avec les chercheur.es de différentes disciplines. Le numérique va également apporter de plus en plus de possibilités, que ce soit dans la reconstitution de sites, les fouilles, les musées, etc. Il va certainement modifier en profondeur nos méthodes de travail et permettre d’attirer les nouvelles générations. Enfin, si l’on veut que le grand public comprenne le lien fort entre l’archéologie et l’actualité, il est important d’en faire une priorité, notamment en allouant plus de moyens à la formation, à la recherche mais aussi à la médiation scientifique. Les enjeux culturels et identitaires de notre discipline sont primordiaux. D’ailleurs ça n’est pas un hasard si la destruction du patrimoine peut faire partie des objectifs de guerre. Plus on acquiert des connaissances sur notre histoire, notre passé, notre identité, plus on a les éléments pour faire le ou les bons choix pour notre avenir.
© Université Lumière Lyon 2
© François Artaud - 1820
© Cqui - 2016
© Fouille de Montenero Sabino – 2021
Panneau central de la pièce nord-ouest en cours de fouille
© Fouille de Montenero Sabino - 2021
Ex-voto anatomique représentant un utérus
© Fouille de Montenero Sabino - 2019
© Fouille de Montenero Sabino - 2019
Le magazine
Crédits photos
© Alexis Grattier / Direction de la communication
En savoir plus
- Aldo Borlenghi (projets, responsabilités et publications)
- Laboratoire Archéologie et Archéométrie (ArAr)
- Revue Gallia
- Musée et site gallo-romains de Saint-Romain-en-Gal
- Lugdunum, musée et théâtres romains
- Responsable pédagogique d’un parcours du Master Archéologie, Sciences de l’archéologie (ASA) de l’Université Lumière Lyon 2
Projets de recherche
- Résultats de la campagne de fouilles 2019 du sanctuaire romain de Montenero Sabino
- Fouille du sanctuaire de Montenero Sabino
- Le Fil d'ArAr : Vacuna, une déesse sabine
- Groupe de recherche transversal « Quatre aqueducs lyonnais »
- Édition des actes du colloque international « Les aqueducs romains de Lyon » du 8 au 10 octobre 2020
- Équipe de recherche « Villes et territoires anciens en Auvergne-Rhône-Alpes »