Mise à jour le 07 févr. 2022
Publié le 3 février 2022 Mis à jour le 7 février 2022

Enseignante-chercheure en informatique à l’Université Lumière Lyon 2, Laure Tougne Rodet est membre du laboratoire d’informatique en image et systèmes d’information (LIRIS). Elle a développé une application mobile de reconnaissance des végétaux. À travers ses nombreuses collaborations avec des chercheur.es d’autres disciplines, des entreprises et des institutions, elle s’engage pour le respect de l’environnement.

Laure Tougne Rodet
>> Lire le début de l'entretien dans Rchrch n°3 (p. 34)

Pourquoi avez-vous choisi cette discipline ?
J’ai l’impression d’avoir commencé mes études sans me poser de réelles questions sur mon orientation. J’avais un profil scientifique, ce qui m’a amené à m’inscrire en mathématiques et physique à l’Université Claude Bernard Lyon 1. Dès la Licence, j’ai découvert l’algorithmique et la programmation. Je me suis alors passionnée pour l’informatique : passer d’une étape à une autre pour résoudre un problème me paraissait un jeu, un peu comme lorsqu’on suit une recette de cuisine. J’ai choisi d’effectuer mon Master 2 en Informatique théorique à l’École Normale Supérieure de Lyon. Je suis arrivée première de ma promotion, ce qui m’a permis de bénéficier d’une allocation pour financer mon doctorat pendant 3 ans. J’ai alors réalisé ma thèse intitulée « Cercles discrets sur Automates Cellulaires » pour étudier les propriétés d’anisotropie de ces modèles. Certains de mes travaux en géométrie discrète ont impacté la communauté qui travaille sur cette thématique. Pendant mon doctorat, j’ai été amenée à enseigner à l’Université Lumière Lyon 2. Je suis restée dans l’établissement en intégrant le laboratoire de recherche Entrepôts, représentation et ingénierie des connaissances (ERIC) puis le laboratoire LIRIS lors de sa création en 2002.

En plus de la reconnaissance des végétaux, sur quels autres sujets de recherche travaillez-vous ?
Mes recherches sont effectuées en collaboration avec différents acteurs (chercheur.es, institutions ou entreprises). Une partie des projets de recherche de l’équipe Imagine du LIRIS concernent la surveillance de l’environnement. Récemment, nous avons travaillé avec le département d’épidémiologie du Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard. Leur équipe s’intéresse à l’impact des pesticides sur le cancer, en analysant les lieux d’habitation de groupes de personnes malades et non malades. Nous avons développé un outil de reconstruction semi-automatique du sol qui analyse les vues aériennes anciennes de ces lieux, afin d’identifier les zones cultivées et d’en déduire les pesticides potentiellement utilisés à l’époque. Dans le cadre de ce projet, nous avons aussi travaillé sur la colorisation automatique d’images en niveaux de gris, pour faciliter la reconstruction du sol. Ce dernier travail a également été utilisé par les géographes du Laboratoire Environnement, Ville, Société (EVS) pour coloriser des reconstruction 3D de paysages anciens. 
Je collabore aussi depuis plus de 10 ans avec le laboratoire EVS sur un projet de détection de bois morts dans les rivières, afin de prévenir les risques naturels liés aux crues. À l’origine, ma première collaboration avec Hervé Piegay, géographe de ce laboratoire, concernait l’étude de l’érosion des galets le long des rivières. J’avais développé un outil lui permettant d’automatiser les calculs de l’indice d’érosion à partir de milliers d’images de galets qu’il avait prises. Ces recherches avaient été soutenues dans le cadre d’un projet interne à l’Université Lumière Lyon 2.
Projet Galets
Automatisation de la mesure de l’émoussé des galets pour une étude géographique à grande échelle en collaboration avec le laboratoire EVS
D’autre part, les projets d’applications en lien avec l’analyse d’images de plantes nous ont permis de travailler sur la détection de maladies sur les feuilles, en collaboration avec la société Carbonbee à Valence. Elle développe une caméra hyperspectrale embarquée sur les rampes des tracteurs, comprenant un appareil de prise de vue en couleur, un capteur infrarouge et un spectro-imageur qui mesure les longueurs d’onde. Les données combinées sont utilisées pour reconnaitre automatiquement les plants malades et le type de maladie, afin de traiter uniquement les zones infectées et non le champ entier.
Carbonbee 1
Carbonbee 2
Détection de maladies grâce à une caméra hyperspectrale en collaboration avec la société Carbonbee
Nos recherches portent également sur la détection d’objets dans un référentiel égocentré. Elles ont permis à la société DEMS, spécialisée dans le design industriel, de développer un casque avec visière de réalité augmentée qui affiche en temps réel des informations sur les objets manipulés par ses opérateur/trices. On travaille aussi sur la détection d’intrusions avec la société Foxstream à Vaulx-en-Velin. Au moment de sa création en 2004, elle était incubée au LIRIS. Depuis, nous collaborons pour développer des outils de détection et de suivi automatique de personnes ou de véhicules dans les zones sous vidéo-surveillance.
Projet DEMS
Détection d’objets en collaboration avec la société DEMS
 
Foxstream
Détection d’intrusions en collaboration avec la société Foxstream
Dans le cadre du projet AutoBehave financé par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, nous analysons les postures des passager.es de véhicules autonomes, pour mesurer notamment leur niveau de stress. 
Projet Autobehave
Analyse automatique de posture dans des véhicules autonomes dans le cadre du projet AutoBehave
Enfin, dans le cadre d’un autre projet soutenu par la Région, nous avons travaillé avec l’Université Gustave Eiffel et les sociétés Foxstream et Elistair sur le suivi de la circulation automobile à partir de vidéos filmées par des drones à câble.
Projet circulation
Monitoring du trafic à l’aide de drones en collaboration avec l'Université Gustave Eiffel

Présentation de l'application de reconnaissance des végétaux Interfolia

Vidéo de présentation d'Interfolia en anglais, réalisée à l’occasion de la plus importante conférence internationale sur l’intelligence artificielle, l’IJCAI 2021 à Montréal (International Joint Conference on Artificial Intelligence)
© Bastien Boisjot, Olivier Pouchoy / ICOM, Université Lumière Lyon 2 - Maxime Langlade, Carlos Crispim-Junior, Laure Tougne Rodet / LIRIS, Université Lumière Lyon 2
 
Interfolia