Mise à jour le 29 janv. 2021
Publié le 26 janvier 2021 Mis à jour le 29 janvier 2021

Doctorante en Arts et Cinéma au sein du laboratoire Passages Arts & Littératures (XX-XXI) de l’Université Lumière Lyon 2, Léa prépare sa thèse sur la création artistique en réalité virtuelle et travaille en immersion dans l’entreprise lyonnaise de jeux vidéo Ryseup Studios.

À quel moment avez-vous eu envie de vous orienter vers la recherche ?
Dès le lycée, j’ai eu envie de me spécialiser sur un sujet, de l’approfondir, voire d’être capable de l’épuiser. Après une Licence Arts du spectacle à l'Université Lumière Lyon 2, je suis partie au Canada grâce au programme Erasmus+. J’ai effectué ma première année de master en études cinématographiques et jeux vidéo à l’Université de Montréal, avant-gardiste dans la recherche sur la réalité virtuelle. Ce domaine me passionnait déjà et mes deux mémoires de master l'abordent. Mais le temps passé sur le sujet m’a paru beaucoup trop court, j’avais un goût d’inachevé.

Quel est l’objectif principal de vos recherches ?
Mes travaux s’inscrivent dans deux disciplines : les études audiovisuelles et les sciences cognitives. Je suis donc codirigée par deux directeurs : Martin Barnier, professeur à l'Université Lumière Lyon 2 spécialisé en esthétique, images 3D, son, bruits et musique  au cinéma et Philippe Fuchs, pionnier de la recherche en France sur la réalité virtuelle, professeur émérite à l’École des Mines ParisTech. Il a écrit Le traité de la réalité virtuelle, un des textes fondateurs dans mon domaine,  qui expose la théorie des trois niveaux d’immersion et d’interaction : sensori-moteur, fonctionnel et cognitif. Il engage une réflexion sur un 4e niveau d’immersion : émotionnel.  Dans ma thèse, j’approfondis ce 4e niveau. Je suis convaincue que la dimension émotionnelle de nos espaces sociaux, réels et virtuels, sera essentielle dans les sociétés de demain.

Que permet le dispositif CIFRE ?
Le dispositif (Conventions Industrielles de Formation par la Recherche) permet à une entreprise de recruter un.e doctorant.e dont le projet de recherche, mené en lien avec un laboratoire universitaire de recherche, conduira à la soutenance d’une thèse. Je voulais que mon parcours ait un versant artistique, immersif et concret, qu’il ne soit pas basé uniquement sur la recherche théorique. L’entreprise d’édition de jeux vidéo et d’expériences en réalité virtuelle Ryseup Studios m’a donc recrutée pour un CDD de 3 ans, durant lequel je vais réaliser mon doctorat. Le contrat de collaboration est tripartite entre le laboratoire, l’entreprise et moi-même.

Pourquoi la société Ryseup Studios a fait le choix de recruter une doctorante ?
Mon positionnement de chercheure permet à l’entreprise d’avoir un regard original et innovant sur son secteur d’activité. J’occupe le poste de « Game Designer » et de « Producer » : je participe à la création des expériences en réalité virtuelle et je supervise leur production. L'entreprise perçoit une subvention annuelle de 14000 € versée par l'ANRT (Association Nationale Recherche Technologie), à laquelle peut s’ajouter le Crédit Impôt Recherche (CIR).

Quelles sont vos méthodes de recherche ?
La veille : je teste chaque nouvelle expérience en réalité virtuelle à dimension artistique et suis l'actualité des écrits scientifiques.

Le travail de terrain en entreprise : pour mesurer la réception des joueur/euses, je réalise des tests avec des participant.es, le plus souvent inexpérimenté.es, afin d’analyser l’intensité de l’expérience (le « flow »), l’impact de l’environnement et des mécaniques de jeu, etc.

La création de prototypes expérimentaux : ce que je préfère, c’est utiliser les données émotionnelles dans le but de créer des mécaniques d’expérience et des interactions irréalistes, comme devoir utiliser sa respiration pour avancer.

L’engagement associatif : je participe aux initiatives qui permettent de démocratiser la réalité virtuelle. J’aimerais beaucoup réaliser une exposition semblable à celle du musée d’art numérique de Tokyo.

 

Coups de coeur
Découvrez les coups de coeur de Léa

 

Le livre « Laissez-moi » de Marcelle Sauvageot
Je conseille grandement ce livre à ceux/celles qui adorent pleurer

Le groupe « The Bangles »
J'adore ce groupe féminin de rock américain et la musique américaine des années 70/80.

Les voyages à vélo
Cet été, j'ai relié l'île de Ré à Bayonne par la voie verte « la Vélodyssée », c’était inoubliable.
Après mon doctorat, j'aimerais faire un « petit » tour du monde à vélo pendant quelques mois.

Le film « Safe » de Todd Haynes
Ce réalisateur a une carrière mélodramatique dont je suis extrêmement fan. Le mélodrame est mal considéré, à tort d’après moi, car c’est un genre ultra-féministe dans lequel une femme tente d'échapper à une emprise sociétale et patriarcale.

Le jeu vidéo « Another world » d’Éric Chahi
C'est un excellent jeu, français en plus ;) Il n’y a pas de tutoriel, on découvre comment jouer par soi-même