Publié le 11 juillet 2020 Mis à jour le 16 novembre 2023
le 11 juillet 2020

Les cours d’intercompréhension à Lyon 2 sont, depuis le début, un terrain de recherche-action et d’expérimentation de nouvelles pratiques didactiques dont le bilan est ensuite fait lors des colloques internationaux que nous organisons (le dernier, “IC 2019 : Au delà des frontières...") ou auxquels nous participons, et par des travaux publiés dans de nombreux contextes et pays. En effet, au niveau de la recherche, nous avons plusieurs domaines à “fouiller”, en partant déjà de la structure des formations.

Interagir en ligne pour apprendre

La structure des cours prévoit une architecture où l’enseignant.e guide l’apprenant.e et l’aide à développer ses capacités d’interaction avec ses pairs, ce qui crée des réseaux d’étudiant.es avec des intérêts communs qui construisent des interactions asynchrones (via les forums de la plateforme MIRIADI) ou synchrones (via les chat sur MIRIADI ou à travers des outils VoIP tels que Skype) et qui interagissent pour renforcer leurs compétences linguistiques et interculturelles. Nota bene: aujourd’hui les apprenant.es d’intercompréhension du monde entier interagissent sur la plateforme MIRIADI, développée dans le projet européen que nous avons coordonné !
Le rôle de l’enseignant.e est donc d’assurer ces rencontres, de former les apprenants pour les interactions, et puis, une fois que les étudiant.es ont réalisé les interactions, d’analyser leurs échanges et conversations pendant les cours, avec le reste du groupe. Grâce à cette mise en commun, l’enseignant.e et les étudiant.es repèrent les stratégies d’intercompréhension utilisées pendant l’interaction, telles que les mots transparents, la reformulation, ou, pour l’oral en visio, le langage corporel.

 

L’apprenant au coeur du dispositif d’apprentissage

L’approche de nos cours est “holistique”: dans nos formations, l’apprenant est vu comme une personne qui interagit, en exprimant avec ses pairs ses pensées et ses émotions. L’enseignant.e est un.e “facilitateur/trice” qui guide, oriente et aide l’apprenant.e. Ce parcours permet à l’étudiant.e d’une part de découvrir et valoriser, dans un parcours d’awareness, ses ressources personnelles et ses habiletés (linguistiques, communicatives, etc.) et d’autre part de développer des stratégies dites d’intercompréhension et d’interproduction (parce que pour communiquer il faut comprendre et apprendre à se faire comprendre !).
 

Vive l’erreur !

L’interaction suscite le besoin de se comprendre et c’est là que se situe l’apprentissage, en particulier au moment de l’éclaircissement d’un doute ou de la résolution d’un problème de vocabulaire ou d’une erreur de compréhension. Parce que la compréhension de la langue étrangère se fortifie à travers les erreurs… Et, oui…! Vous avez bien lu : les étudiant.es peuvent se tromper et, à travers leurs fautes, ils/elles explorent leurs capacités de s’exprimer dans leur langue maternelle et développent leur habileté de comprendre les langues des autres.

Une approche “plurielle” et démocratique

Cette approche didactique, définie “plurielle” parce qu’elle met en jeu plusieurs langues et non pas une seule, enseigne également la démocratie et la participation : c’est en collaborant avec les autres qu’on apprend. Et ensemble, en respectant l’avis des autres et en négociant avec eux/elles, les étudiant.es réalisent des projets plurilingues merveilleux, résultats d’un apprentissage participatif.

 

La télécollaboration pour réaliser des projets en groupes multilingues

C’est donc pour réaliser ces projets avec les autres que nous utilisons les TIC : l’informatique est utilisée comme moyen technique pour réunir des personnes, pour communiquer avec des collègues parlant des langues romanes nationales ou régionales et situé.es en Europe, en Amérique latine, en Afrique... Ainsi les étudiant.es inscrit.es à Lyon 2 interagissent avec des collègues roumain.nes, portugais.es du Portugal et/ou du Brésil, espagnol.es d’Espagne et/ou d’Amérique latine, mais aussi avec des locuteur/trices de langues non nationales comme les catalan.es, les corses, les habitant.es de pays de langues créoles à base romane, notamment les étudiant.es situé.es dans l’Océan Indien, à l’Université de Maurice ou des Seychelles … À la base de cette activité se situe donc un vaste réseau de partenaires qui collaborent depuis la naissance du Web 2.0 !

 

Deux niveaux : une première à Lyon 2 !

L’Université Lumière Lyon 2 est la première au monde à avoir proposé deux niveaux d’intercompréhension… Généralement les formations se limitaient à une initiation, mais nos politiques linguistiques, associées aux perspectives didactiques innovantes du Centre de Langues et à une recherche constante, nous ont permis d’aller plus loin. Nous avons ainsi créé un premier cours d’une année (42 htd) où les étudiants travaillent pour développer leurs stratégies d’intercompréhension écrite en langues romanes et un deuxième, d’une autre année (42 htd), consacré aux stratégies d’intercompréhension orale. Nous espérons très prochainement créer un troisième niveau pour exploiter les stratégies déjà acquises sur d’autres familles de langues, notamment les langues germaniques, slaves et arabes…
 

Une formation qui fait tâche d’huile

Les cours d’intercompréhension sont proposés, depuis quelques années également aux étudiant.es bilingues du Parcours International Minerve et aux futur.es enseignant.es du Master Didactique des langues et TICE. Nous aimerions, à l’avenir, former les personnels de notre université (des besoins ont déjà été exprimés…) et nous sommes prêt.es à explorer d’autres pistes.

La recherche

Afin d’évaluer ces formations et de pouvoir en ajuster les contenus ou la structure, ainsi que pour réfléchir sur cette approche didactique innovante et ses perspectives au niveau de l’apprentissage et de la réussite de nos étudiant.es, nous faisons constamment le point par des recherches que nous conduisons, au sein de  Lyon 2, mais aussi avec nos partenaires français et étrangers, dans le cadre des activités du CRTT. Voici quelques lectures sélectionnées…
 
Quelques références bibliographiques

Garbarino, S (2019). «Sviluppare competenze in intercomprensione di livello avanzato: il contributo dei descrittori del REFIC», EL.LE, Vol. 8 – Num. 1 – Marzo.
    
Garbarino, S., Degache, C. (Ed.) (dir.) (2018) Intercompréhension en réseau : scénarios, médiations, évaluations [.pdf]. Travaux du CRTT, ISBN 978-2-9533061-1-8.
    
Degache C., Garbarino S. (dir.) (2017). Itinéraires pédagogiques de l’alternance des langues: l’intercompréhension, Grenoble, Editions Ellug, coll. Didaskein. ISBN : 9782377470150

Frontini, M., Garbarino, S. (2017). Typologie des modalités d’intégration de l’interaction plurilingue en réseau de groupes, in C. Degache & S. Garbarino, Itinéraires pédagogiques de l’alternance des langues : l’intercompréhension, Grenoble, Editions Ellug, coll. Didaskein. ISBN: 9782377470150, pp. 171-198.

De Carlo, M., Garbarino, S. (2016). « Miriadi ou l’intercompréhension “branchée”», Le français à l'université, 21-03 | 2016

Garbarino, S., Varchetta, M. (2015). Chemins et perspectives de l'insertion curriculaire de l'intercompréhension dans la formation de formateurs et au-delà/ Université de Lyon 2, France [.pdf], in Araujo et al., Histórias em Intercompreensão : a voz dos autores, pp. 127-149.

Garbarino, S. (2015). « Les avantages de l’entrée en langue étrangère via l’intercompréhension : « J’ai l’impression de lire du français mais écrit différemment donc je me sens puissante ! », Ela, n° 179 Juillet-Septembre, ISBN 9782252039809, pp. 289 – 313

Informations pratiques