Publié le 6 février 2025 Mis à jour le 13 février 2025
le 6 février 2025

Pour la première fois depuis 2017, notre Université a décerné un diplôme de doctorat ayant obtenu le label « Docteur européen ». Il a été attribué à Daniela Valente pour sa thèse « Acquisition des premiers mots chez le bilingues franco-lusophones », soutenue en novembre 2024. Il atteste le caractère européen de son travail. Lors de son doctorat, elle a en effet effectué un séjour de recherche de 3 mois à l’Université de Genève entre septembre et décembre 2018. Par ailleurs, sa soutenance s'est déroulée en partie en anglais et deux membres de son jury venaient d'établissements européens, des universités de Lisbonne et de Malte.

Entretien avec Daniela Valente, docteure européenne en linguistique

 
Portrait
et retour sur son parcours
Daniela Valente a 34 ans et est originaire de Braga (Portugal). Son parcours académique a été guidé, comme elle le dit elle-même, « par une fascination pour le langage et la cognition ». Après une licence et un master en psychologie à l’Université du Minho et un master en psychologie des processus neurocognitifs et sciences affectives à l’Université Lille 3, elle a poursuivi avec un doctorat en sciences du langage à l’Université Lumière Lyon 2, au sein du laboratoire Dynamique du Langage (DDL), « un cadre de recherche enrichissant, accompagné par Sophie Kern et Christophe dos Santos ». Pendant ces dernières années, elle a mené des recherches sur l’acquisition des premiers mots chez les enfants bilingues franco-lusophones, explorant l’impact des fonctions exécutives, de la dominance linguistique et du développement phonologique sur leur développement lexical.

Comment s'est déroulé votre doctorat et sa dimension internationale ?
D. V. : « Cette aventure scientifique m’a menée à collaborer avec plusieurs laboratoires internationaux, en effectuant des séjours de recherche en France (Lille et Lyon), en Espagne (Tarragone), en Suisse (Genève) et au Portugal (Braga). J’ai obtenu une bourse de recherche au Portugal pour travailler sur la représentation et le traitement des mots apparentés chez les enfants bilingues, ainsi que deux bourses Erasmus, qui m’ont permis d’approfondir ma formation et de mener des études dans différentes universités européennes. J’ai également eu l’opportunité d’enseigner à l’Université Lumière Lyon 2, de contribuer à quatre projets de recherche sur le bilinguisme et la psycholinguistique, et d’organiser une dizaine d’événements académiques, dont des séminaires et des colloques. Mon engagement s’est aussi traduit par une participation active à la vie universitaire, entre autres, comme représentante des doctorants et membre du Conseil du laboratoire Dynamique du Langage (DDL).
La diffusion scientifique a toujours occupé une place essentielle dans mon parcours. Mes travaux ont donné lieu à cinq articles publiés dans des revues internationales et ont été présentés dans 24 conférences. En parallèle, j’ai toujours eu à cœur de transmettre les connaissances au-delà du monde académique, notamment à travers le bénévolat, comme mon engagement auprès de l’association Singa (mouvement citoyen international visant à créer du lien entre personnes réfugiées et société d’accueil) pour l’animation d’ateliers Parent(s)-Enfants. »
 
Daniela Valente (à droite), entourée de son jury de thèse
(avec de gauche à droite : Sophie Kern, Letícia Almeida, Damien Chabanal, Christophe dos Santos et Anna Ghimenton, et Daniela Gatt en visio en haut à l'écran).
Quels sont vos projets depuis votre soutenance ?
D. V. : « Aujourd’hui, après ma soutenance en novembre 2024, je poursuis la valorisation de mes recherches à travers de nouvelles publications et collaborations. En parallèle, j’explore d’autres formes de transmission du savoir, notamment à travers des projets sur l’éducation à la nature et aux plantes sauvages comestibles. »
Que représente la labelisation de votre doctorat ?
D. V. : « Obtenir le label de doctorat européen est une reconnaissance de la qualité scientifique de mon travail et de son rayonnement international. Ce label atteste de la dimension européenne de ma recherche, impliquant une collaboration entre différentes institutions et experts de différents pays. Il valorise également l’importance des échanges scientifiques au-delà des frontières, ce qui est essentiel dans un domaine comme le bilinguisme et l’acquisition du langage. »
Questionnaire
de Proust

Daniela Valente s'est prêtée au jeu de questions & réponses de notre version du questionnaire de Proust.

Quelle est la ville où vous aimeriez vivre ?
D. V. : « Je vis déjà là où j’ai choisi de vivre, à Celanova, en Galice (Espagne). J’habite à la campagne, au sommet d’une montagne, avec une vue imprenable sur la ville et entourée de nature. Chaque jour, je me réveille au son des oiseaux et j’observe les animaux sauvages qui traversent mon jardin. Ici, je peux cultiver mon potager et développer ma forêt comestible, dans un environnement préservé, moins affecté par le réchauffement climatique, tout en respectant la biodiversité. Et même si je vis en pleine nature, je reste bien connectée à la ville, qui offre une riche vie culturelle, entre traditions galiciennes et espagnoles. Cela dit, j’aimerais aussi vivre quelques mois au sein d’une tribu en Amazonie, pour découvrir un mode de vie profondément connecté à la nature, apprendre d’autres savoirs ancestraux et expérimenter une relation différente avec l’environnement et la communauté. Ce serait également une occasion unique d’explorer l’acquisition du langage chez des bébés bilingues, dont l’une des langues est en danger de disparition, afin de mieux comprendre les dynamiques du bilinguisme dans des contextes de préservation linguistique. »
Quel est votre film culte ?
D. V. : « La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, une magnifique réflexion sur la beauté et le passage du temps. »
Si vous n'étiez pas devenue docteure en linguistique à Lumière Lyon 2, qu'auriez-vous aimé faire ?
D. V. : « J’aurais aimé travailler dans la médiation scientifique et environnementale, notamment en lien avec la nature et les plantes sauvages. »
Quel est votre mot favori ? 
D. V. : « Onirique. Ce mot évoque le monde des rêves, de l’imaginaire et des possibles. Il me plaît par sa sonorité douce et enveloppante, mais aussi par ce qu’il représente : une dimension où la réalité se mêle à la poésie, où l’on peut explorer sans limites. C’est un mot qui invite à voir au-delà du tangible, à cultiver la créativité et à garder un regard émerveillé sur le monde. »
Qu'est-ce qui vous fait peur ?
D. V. : « L’inaction face aux enjeux environnementaux et sociétaux. »
Quel est le don que vous aimeriez posséder ?
D. V. : « J’aimerais avoir le don de soulager les douleurs chroniques de ceux qui en souffrent. Vivant moi-même avec ces douleurs, et ayant un handicap congénital, je sais à quel point elles peuvent affecter la qualité de vie au quotidien. Pouvoir offrir un soulagement durable serait une façon d’apporter du bien-être et de redonner de l’énergie à ceux qui en ont besoin. »
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
D. V. : « Le dernier livre que j'ai lu est "L'Artiste de la Faim" de Franz Kafka. J'ai choisi ce livre car il explore des thèmes profonds tels que la solitude, l'art et le sacrifice de soi, qui sont récurrents dans l'œuvre de Kafka. L'histoire suit un artiste obsédé par la recherche de la perfection, et met en lumière la souffrance que cette quête peut engendrer. À travers la figure de l'artiste de la faim, Kafka aborde l'aliénation et l'incompréhension, des éléments centraux dans son écriture, tout en offrant une réflexion sur les limites de la dévotion à l'art et le prix du renoncement à la reconnaissance. »
Que vous reproche-t-on souvent ?
D. V. : « On me reproche souvent de dire "désolée" et "merci" tout le temps, parfois même à des moments où ce n'est pas nécessaire ! C'est un peu une habitude qui est ancrée chez moi, mais je vais essayer de me retenir un peu plus souvent ! »
Qu'est-ce qui vous fait rire ?
D. V. : « Ce qui me fait rire, c'est le rire incontrôlable des bébés. C'est tellement pur et contagieux ! Peut-être que ça me touche encore plus maintenant, car je suis enceinte, et j'imagine déjà ces moments de joie avec mon futur bébé. »
Que détestez-vous ?
D. V. : « Ce que je déteste, c'est l'inégalité. Que ce soit sociale, économique, de genre ou de toute autre forme, l'inégalité crée des divisions injustes entre les individus et empêche une véritable solidarité. Cela me révolte de voir des personnes traitées différemment simplement en raison de leur origine, de leur statut ou de leurs conditions. »
Quelle est votre devise ?
D. V. : « C'est tout à fait normal de ne pas toujours aller bien !
Chacun traverse des journées difficiles et il faut apprendre à les affronter. Comme la joie et la sérénité, la tristesse fait partie de notre nature émotionnelle. Et c’est parfaitement acceptable – la vie est un cycle. En vérité, la tristesse est aussi nécessaire et importante que la joie, bien qu’elle soit une émotion désagréable. Elle crée un équilibre entre l'esprit et le corps. C’est à travers elle que nous pouvons mieux apprécier et valoriser les moments de bonheur. De plus, elle nous alerte quand quelque chose ne va pas, ce qui en fait une composante essentielle de notre maturation.»
Quel est le moment de la journée que vous préférez ?
D. V. : « Le coucher du soleil, où le ciel se teinte d’orangé, de rose et d’indigo. C'est un moment de transition où tout ralentit. J'aime observer le ciel changer de couleur, sentir la fraîcheur de la fin de journée et écouter les bruits de la nature qui évoluent à ce moment-là. C’est aussi un instant où je peux faire une pause, réfléchir ou simplement profiter du paysage. »
Avez-vous un modèle (scientifique, essayiste, personnalité…) ou une personne qui vous inspire ?
D. V. : « Hannah Arendt, pour sa pensée critique et sa réflexion sur la liberté et la responsabilité individuelle. »

Qu'est-ce que le label Doctorat européen ?

Les doctorants et les doctorantes peuvent effectuer une demande de label « Doctorat européen » auprès du pôle international de la Direction de la recherche et des écoles doctorales (DRED). Ce dispositif prend la forme d’une attestation distincte du diplôme de doctorat délivrée après la soutenance de thèse et signée par la ¨Présidente de l'Université.
La mobilité doctorale est l'un des volets de la stratégie internationale de notre établissement. L'Université soutient le développement des co-tutelles ou co-direction internationale et encourage les thématiques européennes ou comparatives dans les recherches conduites par nos doctorantes et doctorants. Elle veille à offrir la possibilité de se rendre en Europe pour effectuer un travail de terrain.

Informations pratiques