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Publié le 19 mars 2023 – Mis à jour le 16 novembre 2023
le 27 février 2023

Auditionnée par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes en septembre 2022, Émilie Vayre, Professeure en psychologie du travail et des organisations, chercheure au Pôle de Psychologie Sociale (PôPS - Unité Inserm 1296 « Radiations : Santé, défense, environnement »), a ainsi apporté son expertise au rapport "Pour une mise en œuvre du télétravail soucieuse de l’égalité entre les femmes et les hommes" qui vient de paraître.

Avec ce rapport, le HCE alerte sur « les enjeux spécifiques que le télétravail représente pour les femmes et propose des pistes pour que cette pratique ne vienne pas creuser davantage les inégalités entre les femmes et les hommes ». L'éclairage d'Émilie Vayre porte plus particulièrement sur les conditions de travail en télétravail dont voici les principaux points.
 
- La modification de l’organisation du travail, susceptible d'avoir des conséquences négatives sur le volume horaire de travail, l'amplitude horaire et/ou les horaires décalés et les exigences émotionnelles accrues. 
→ Selon Émilie Vayre, l'un des facteurs explicatifs de ce surinvestissement est le sentiment de redevabilités des salarié.es : les salarié.es se sentent généralement redevables vis-à-vis de leur employeur/euse ou encadrant.e qui leur a accordé le télétravail ce qui génère une forme de pression qui peut pousser l'employé.e à investir le gain de temps dégagé, grâce au passage en télétravail, dans leur travail. Le risque ? S’investir jusqu’à l’épuisement professionnel. 
- L'articulation des temps de vie avec une frontière plus poreuse entre les différents temps de vie qui renforce la double journée de travail.
→ Avec ses recherches sur le télétravail par le prisme du genre, Émilie Vayre arrive à la conclusion que, bien que le télétravail permette une augmentation de la prise en charge des activités parentales et domestiques par les pères, il ne remet pour autant pas fondamentalement en question la répartition genrée du travail domestique. Celle-ci reste déséquilibrée en défaveur des femmes.
- La diminution du temps de loisirs pour les femmes en télétravail, comparativement aux femmes qui restent en présentiel, a été relevée par les recherches sur le télétravail.
→ Lors de son audition au sein du HCE, Émilie Vayre a en effet expliqué que le télétravail se traduit pour les femmes par une augmentation de la charge de travail et des charges domestiques et familiales. Le constat est inverse pour les hommes. Ainsi, si les hommes en télétravail s’investissent davantage dans les tâches domestiques et plus particulièrement familiale, ils voient également leur temps de loisirs augmenter comparativement aux hommes restés en présentiel. 

De manière générale, le HCE s’interroge sur l’impact à long terme du télétravail sur les inégalités femmes/hommes. Cette pratique doit constituer un véritable sujet de recherche et être investiguée par le biais d’une production de données statistiques genrées. Le HCE recommande de mettre en place un outil statistique national avec des données genrées quantitatives et qualitatives sur le télétravail.
→ Lire l'intégralité du rapport

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Créée en 2013, le Haut Conseil à l'Égalité est l'instance nationale consultative indépendante chargée des droits des femmes et de l'égalité femmes-hommes. Selon le décret de création du Haut Conseil, ce dernier « a pour mission d’assurer la concertation avec la société civile et d’animer le débat public sur les grandes orientations de la politique des droits des femmes et de l’égalité ». Il contribue à l’évaluation des politiques publiques qui concernent l’égalité entre les femmes et les hommes en assurant l’évaluation des études d’impact des lois, en recueillant et diffusant les analyses liées à l’égalité et en formulant des recommandations, des avis au/à la Premier.e ministre.