Publié le 30 avril 2020 Mis à jour le 13 novembre 2020

Professeur d'informatique à l'Institut de la communication, Jérôme Darmont est directeur du laboratoire ERIC, responsable du master Informatique et Data Science pour le Management (IDSM)-Kharkiv, diplôme en partenariat international franco-ukrainien.

Comment se poursuit l'activité du laboratoire "à distance" ?
J. D. : Les permanent.es étant tou.tes équipé.es d'ordinateurs portables, la fermeture du laboratoire n'a pas un impact trop fort dans leurs conditions matérielles de travail. Nous pouvons organiser des réunions, comme celles du conseil, sans souci. C'est parfois plus compliqué pour les doctorant.es qui utilisent leur équipement personnel, ordinateurs fixes ou portables, ce qui pose divers problème (partage de l'ordinateur familial, limitation de puissance...). Nous avons déjà eu recours à la procédure d'accès exceptionnel aux locaux pour emporter un ordinateur du labo au domicile d'un doctorant. Nous la réutiliserons si nécessaire pour d'autres personnes si l'accès demeure difficile après le 11 mai. De même, nous avons une petite infrastructure de calcul et de stockage hébergée à la Direction des systèmes d'information (DSI), à laquelle nous n'avons accès que depuis les campus. Si le travail à distance doit persister, il nous faudra trouver un moyen d'y accéder depuis nos domiciles afin de reprendre les expériences qui nécessitent cette infrastructure.
Groupe de travail des doctorant.es du laboratoire ERIC
Merci aux doctorant.es pour le partage de cette photo !


Du point de vue de la vie du labo, nous avons instauré un "petit déjeuner virtuel" tous les lundis, qui n'a de petit déjeuner que de nom, mais permet d'échanger des nouvelles et des informations, et aussi de discuter de façon informelle pendant 30 minutes. Le suivi des doctorant.es et diverses réunions de recherche se poursuivent aussi en visio. Il faut noter qu'un groupe de travail monté à l'initiative des doctorant.es a poursuivi son activité, avec déjà deux séances en ligne.

Enfin, du point de vue institutionnel, la visite du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) n'ayant pas pu avoir lieu en présentiel, nous avons dû nous adapter. Après avoir envisagé la visioconférence, celle-ci a été reportée et finalement abandonnée pour des questions de calendrier et de délai. Nous avons donc transmis notre présentation, répondu aux questions de notre comité d'évaluation par écrit, mis en contact les catégories de personnels que le comité souhaitait auditionner et terminé de préciser les derniers détails par courriel.

En confinement, le rythme de travail est-il différent ?
J. D. : Il m'est difficile de dire si mon rythme de travail a changé. Je gagne le temps des trajets embouteillés entre mon domicile et l'Université et un peu de sommeil le matin, mais je peine autant qu'avant à ne pas "apporter du travail à la maison" (soir et week-end). En termes de quantité de travail, la première semaine a été la plus dure car il a fallu organiser les cours à distance tout en faisant du reporting sur l'organisation des cours à distance... Mais je ne me plains pas plus car le gros de mon service était au premier semestre. Par ailleurs, ma "to-do list" ne désemplissant pas, j'en déduis que ma charge de travail n'a pas diminué. J'ai plutôt la sensation du contraire, sans toutefois pouvoir l'objectiver.

Cette période est-elle plus propice à la recherche ?
J. D. : Malgré ce que j'ai écrit sur la continuité de la recherche, cette dernière est bel et bien impactée par la crise actuelle. Par exemple, je coordonne le projet ANR BI4people (Business intelligence for the people / Le décisionnel pour tou.tes) qui devait démarrer le 1er avril (j'aurais dû me méfier en choisissant cette date) et se trouve du coup pratiquement à l'arrêt. Un doctorant a pu débuter son travail avant le confinement chez un de nos partenaires, nous sommes en train de recruter un.e postdoc pour trois ans, mais la réunion de lancement est reportée sine die. Je préside également un événement scientifique (trois conférences co-localisées, dont deux internationales) qui va se tenir entièrement en ligne, avec une organisation à redéfinir en grande partie d'ici fin août.
Avec un collègue de Clermont-Ferrand, nous avons un peu réfléchi à comment aider. Mais nous gérons et analysons des données et, au début de la crise du COVID-19, nous n'avions pas suffisamment de grain à moudre (sans parler d'accéder à notre infrastructure DSI). Par la suite, nous avons été pris par le quotidien et n'avons pas poussé plus loin. Mais un collègue de l'Université de Haute-Alsace propose des visualisations de données très bien faites et très complètes.