Mise à jour le 30 sept. 2021

Portraits d'entrepreneur.es, ancien.nes étudiant.es Lyon 2

Publié le 27 septembre 2021 Mis à jour le 30 septembre 2021

Psykolab accompagne les entreprises et les collectivités qui souhaitent contribuer avec conscience à la qualité de vie de leurs bénéficiaires. L’entreprise compte 4 psychologues sociales, toutes issues de l’Institut de Psychologie de l’Université Lumière Lyon 2. La psychologie sociale est une discipline scientifique qui étudie les causes et les effets des comportements individuels et collectifs. En mettant au centre de son expertise le facteur humain, elle devient une aide à la décision dans l’ajustement et la conception de services adaptés aux publics concernés.

Nom Prénom : BIGOT Maéva
Nom Prénom : HERNANDEZ Aura

Asso : Accompagnement des entreprises et des collectivités qui souhaitent contribuer avec conscience à la qualité de vie de leurs bénéficiaires
Domaines : Psychologie sociale, amélioration de la qualité de vie et de travail

Études : Ont fait leurs études à l’Université Lumière Lyon 2 à l’Institut de Psychologie

Mantra : Entreprendre, c’est s’épanouir

 

Présentez-nous votre société…

Maéva Bigot : L’idée de départ de Psykolab est de proposer aux collectivités des services qui leur permettent de comprendre les comportements de leurs usager.es, leurs émotions, leurs états d’esprit, etc. Chacun.e a des besoins, des charges émotives, des attentes différentes. Cela dit, les besoins psychologiques et sociaux sont transversaux et peuvent permettre de mieux comprendre diverses situations. Nous apportons cette connaissance aux collectivités et aux entreprises, pour comprendre ce qui se passe dans les environnements dont elles sont responsables et dans les services qu’elles proposent. Sur la base des observations que l’on fait, on propose ensuite une façon de modifier cet environnement pour améliorer l’accueil et la prise en charge des besoins de l’autre, que ça soit par le design, l’aménagement de l’espace, l’écoute, les réponses apportées, etc. Quand on travaille avec les agent.es des collectivités, on les amène aussi à se regarder différemment. Ça fait également partie de notre projet initial.  

Comment votre idée est-elle née ?

Aura Hernandez : Psycholab est une entreprise qu’on a créée il y a 6 ans. C’est un projet qui est né à l’Université Lumière Lyon 2. On était une petite promotion de 6 étudiantes. Nous devions faire un projet collectif à 4 pour notre 2e année de Master en psychologie sociale appliquée. Ça s’était très bien passé entre nous et ça nous a donné envie de continuer à travailler ensemble. On a donc créé une association pour pouvoir réaliser des projets, et on a également commencé à chercher des dispositifs d’accompagnement à la création d’entreprise. À Lyon 2, on nous a conseillé de faire appel à Graines de SOL, une coopérative d’activités et d’emplois, ce qui nous a permis d’expérimenter notre activité pendant 3 ans. En 2018, on a créé la société Psykolab. Durant ce parcours, on a pu bénéficier de deux autres programmes d’accompagnement : le programme d’accélération du Centsept, un « pop-up social » et le programme « Ambition PME » de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Nous avons mieux compris toutes les expériences qu’on avait au quotidien sur la gestion de l’entreprise, le sens de l’activité, la stratégie globale, etc.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

A. H. : Il faut savoir que ce métier de psychologue sociale n’est pas très connu, aujourd’hui peut-être un peu plus que lorsqu’on a commencé. C’est une difficulté car nos interlocuteur/trices n’ont pas d’image de ce métier, il faut la créer. Ça a été un challenge pour nous, nous n’avions pas de « fiche de poste », ni d’entreprise pour nous recruter. Mais ça a été aussi une grande opportunité car nous savions qu’on était peu à exercer ce métier. Historiquement, la psychologie sociale en tant que discipline est plus universitaire que pratique. On est arrivée avec plein de méthodes, de concepts, etc., mais le cheminement entre la connaissance théorique et la pratique a été très long. Que fait-on de ce métier pour répondre aux besoins des collectivités et entreprises ? Au départ, on était beaucoup sur la méthode scientifique, la vérification des différentes étapes, etc. Puis on a compris que nos interlocuteur/trices avaient besoin d’apprendre à regarder leur environnement différemment : on a donc commencé à intégrer de plus en plus d’ateliers, des collaborations interactives, et moins de pédagogie unidirectionnelle. Ce cheminement, que je résume aujourd’hui en quelques phrases, nous a pris en réalité quelques années !

M. B. : Oui c’est important de le signaler ! Comme on n’avait aucun modèle, on a pu créer, re-créer, etc. Ça n’a l’air de rien mais on a mis de temps avant de comprendre que l’entrepreneuriat ce n’était pas transmettre simplement des méthodes, c’était plutôt cibler les besoins de chacun.es, et en fonction proposer certains types d’activités ou de valeurs. Dans notre domaine d’activité on peut aussi avoir tendance à négliger l’aspect financier.

Qu’est-ce qu’il y a de Lyon 2 dans votre cœur d’entrepreneur ?

A. H. : Il y a de plus en plus de Master en France qui développent cette spécialité, mais la particularité de Lyon 2 a été ce parti pris de passer de la recherche à l’application. Ça nous a donné l’opportunité de développer notre activité. Nous sommes l’un des premiers cabinets en psychologie sociale, même si dans les faits on utilise aussi la psychologie cognitive, la psychologie environnementale, etc. De plus, nous souhaitons créer une activité économique mais avec un impact social, cet aspect humaniste nous vient aussi de Lyon 2. L’Université transmet de façon générale ces valeurs dans différents Masters.

Quels sont vos futurs projets ?

A. H. : C’est d’avoir un territoire qui réapprend à vivre en symbiose avec son écosystème, où on intègre toutes les questions de transition écologique. Pour ça, on sait qu’on va devoir changer nos habitudes, la représentation de la ville, des autres, et ce changement doit être accompagné. C’est là qu’on a toute notre place dans l’avenir.

M. B. : C’est vrai que jusqu’à présent, on a permis de comprendre de nombreux comportements, ça apporte beaucoup aux organisations. Si on ne prenait pas les questions de transitions écologiques à bras le corps dès à présent, on aurait l’impression de passer à côté de notre raison d’être. L’enjeu est de repenser le contrat social et naturel : quelles sont les relations avec les personnes et celles avec la nature ? Tout ce dont on a besoin pour modifier notre environnement et arriver à cette transition existe en termes techniques, mais la clé à débloquer est au niveau psychologique. Donc on aimerait aller plus loin que la relation entre les collectivités et les usager.es, mais plutôt regarder ensemble toutes les connexions qu’il y a entre les usager.es, les habitant.es, les collectivités, le territoire, le patrimoine naturel.

Quelle est votre définition de l'entrepreneuriat ?

A. H. : Entreprendre, c’est s’épanouir en réalisant une activité qui a du sens pour soi, pour les autres et pour les milieux naturels. L’entrepreneuriat prend sens quand on se re-questionne tout le temps. C’est une activité réalisable avec ses propres compétences et ses propres envies. Si on crée une entreprise parce qu’on a vu qu’une idée fonctionnait bien ailleurs, ça risque de ne pas marcher. Ça peut marcher si on se sent aligné.e par rapport à ce qu’on veut faire, si on se sent à l’aise, et encore plus si c’est un marché de niche. Ce monde en transition a besoin d’activités économiques qui réinventent les métiers dans tous les secteurs. C’est un défi à relever !

M. B. : L’entrepreneuriat, c’est les montagnes russes, à peu près comme dans la vie de tous les jours ! C’est très prenant émotionnellement. Il faut aller vers la prospérité, l’abondance pour soi et pour les autres. Et surtout, n’oubliez pas de vous faire accompagner !